Le Genou d’Ahed

Affiche Le Genou d’Ahed
Réalisé par Nadav Lapid
Titre original Ha'berech
Pays de production France, Allemagne, Israël
Année 2021
Durée
Genre Drame
Distributeur Outside the Box
Acteurs Avshalom Pollak, Nur Fibak, Lidor Ederi, Mili Eshet, Rony Gammer, Daniel Lavid
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 877

Critique

Prix du Jury au Festival de Cannes en 2021, Le Genou d’Ahed est un film du cinéaste israélien Nadav Lapid qui fustige la politique menée par son pays tout en proposant une réflexion sur le pouvoir de l’image.

Y. (Avshalom Pollak), un réalisateur israélien, interrompt le casting de son prochain long métrage pour se rendre dans une partie désertique du pays où on l’a invité à présenter un de ses films. Arrivé sur place, il rencontre son hôte, la jeune Yahalom (Nur Fibak), une employée du Ministère de la culture qui se bat pour proposer une offre artistique dans sa région natale. Y. découvre alors que Yahalom est contrainte de lui faire remplir un formulaire pour délimiter les thèmes qu’il sera autorisé à aborder au cours de la discussion qui suivra la projection. Profondément choqué par cette censure gouvernementale, Y. décide de mettre la jeune femme face à ses incohérences…

À travers ses dialogues percutants, Le Genou d’Ahed délivre un propos radical sur le gouvernement israélien et ses décisions politiques injustes, tout en questionnant les limites du militantisme. Le discours plein de rage formulé par Y. se heurte en effet à l’engagement paradoxal de Yahalom, qui utilise sa place au sein d’un système d’oppression pour offrir à ses concitoyens un accès à la culture. Outre sa critique acerbe d’une politique culturelle visant à museler les artistes, le film attaque également le rôle d’Israël dans les conflits géopolitiques actuels: le long métrage que souhaite tourner Y. est consacré à la militante palestinienne Ahed Tamimi, et le séjour désertique du cinéaste lui fait brutalement prendre conscience du fait que ce projet subira forcément les foudres du gouvernement.

Le film pointe de fait le cinéma comme un outil militant de premier ordre, qui permet à un artiste d’exprimer sa révolte, tout en démontrant la pertinence de son propos de manière performative. En effet, le long métrage en lui-même se pose comme un exemple du pouvoir de l’image en mouvement. Avec des mouvements de caméra brusques, des flash-back stylisés et des séquences brisant le quatrième mur, Nadav Lapid exhibe les artifices filmiques et souligne ainsi leur puissance d’évocation. Enfin, c’est par le biais de sa pratique de réalisateur qu’Y. échange avec sa mère, atteinte d’un cancer, lorsqu’il lui envoie des vidéos de son périple filmées avec son smartphone et commentées en voix over. Le Genou d’Ahed est donc un véritable plaidoyer pour le cinéma, en tant que moyen d’action politique, mais surtout comme voie de communication primordiale entre les êtres humains.

Noé Maggetti

Appréciations

Nom Notes
Noé Maggetti 15