Downton Abbey II : Une nouvelle ère

La célèbre série, qui avait renouvelé le genre historique au début des années 2010, a déjà connu un premier prolongement sur grand écran en 2019. Ce second opus amène Downton Abbey et ses habitants à l’orée d’une nouvelle décennie: les années 1930. Il s’agissait sans doute de boucler ainsi les rares destins encore non noués. Inutile donc de chercher une intrigue, tout y est plutôt prétexte: le tournage qui s’installe entre les murs de la noble demeure comme les liens inusités entre la famille Crawley et un riche propriétaire français. Dès lors, les scènes prennent la forme d’un bel album de photographies, avec tous les sentiments associés: nostalgie, joie, et guère de surprise à la vue de ces figures connues de longue date que l’on retrouve pourtant avec plaisir. Ces sentiments se veulent d’ailleurs presque plus l’écho de souvenirs de la série que produits par les péripéties - réduites à leur stricte minimum - du récit. Le film ne cesse ainsi de danser sur le fil discret de la mise en abyme. Certes, l’irruption du cinéma à Downton permet beaucoup de jeux de miroirs mais plusieurs phrases de dialogue éparses au cours du film flirtent également avec la réflexivité: des personn(ag)es préservé(e)s parce que disparu(e)s il y a bien longtemps, la nécessité de faire place à autre chose, une autre société, un autre type de cinéma, bref d’accepter que tout a une fin. Un conseil dont on ne peut qu’espérer que la saga s’inspirera après cette dernière production. Mais en attendant, pourquoi ne pas profiter une dernière fois des châteaux, tenues et soupers somptueux, vestiges d’un temps disparu pour toujours.