Petite Princesse

Affiche Petite Princesse
Réalisé par Peter Luisi
Titre original Prinzessin
Pays de production SUISSE
Année 2021
Durée
Musique Martin Skalsky, Michael Duss
Genre Drame
Distributeur Cineworx
Acteurs Johanna Bantzer, Fabian Krüger, Lia Hahne, Matthias Habich
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 877

Critique

Écrit et réalisé par le Suisse Peter Luisi (scénariste de l’excellent Vitus avec Bruno Ganz), Petite Princesse est un film dur, touchant et d’un grand impact, bénéficiant de nombreux points forts dont ses comédiens, tous merveilleux. Une petite baisse de qualité générale dans la seconde partie relativise quelque peu l’enthousiasme débordant, sans toutefois faire renier le coup de cœur.

L’histoire se déroule en effet sur deux époques. La première moitié se déroule 35 ans dans le passé. Josef (Fabian Krüger) est une épave de 40 ans, alcoolique au dernier degré, qui vit dans la maison de ses parents et passe ses journées à la boisson et l’oisiveté. Lorsque sa sœur et la petite fille de celle-ci se retrouvent à devoir habiter avec lui, Josef, malgré ses démons qui s’avèreront dangereux pour lui et pour la gamine, va nouer avec cette petite princesse de 4 ans une jolie relation familiale. Finalement poussé à partir définitivement, il va se promettre d’arrêter de boire et d’être toujours là dans l’avenir pour sa nièce.

Trois décennies plus tard, Josef (joué dans cette seconde partie par Matthias Habich) a refait sa vie, est devenu abstinent mais n’a jamais revu les siens. Il apprend que sa petite princesse a mal tourné et se trouve en prison en Ukraine pour trafic de drogue et autres errances. Il va donc tout faire, tout risquer, afin de venir en aide à celle qui, il y a longtemps, lui avait redonné l’envie de vivre.

Cette première moitié est tout simplement brillante. Peter Luisi colle à ses personnages, permet de ressentir de multiples émotions, fait à la fois frissonner, craindre et sourire. Il fixe le spectateur à son fauteuil en s’appuyant sur un acteur phénoménal qui touche et attendrit. La délicatesse avec laquelle il montre comment un enfant peut bouleverser la vie d’un adulte provoque autant de joie que d’empathie, autant d’investissement émotionnel que de désolation, chez le spectateur.

Ce personnage de Josef a bien de la chance, car l’acteur qui prend le relais pour l’interpréter ensuite est le toujours excellent Matthias Habich, l’un des grands noms du cinéma germanophone, qui délivre également une performance admirable. Il est par moments dommage que, lorsque le héros se rend en Ukraine pour tenter de sauver sa petite princesse de son enfer, le cinéaste appuie parfois le drame à traits plus gros, alors qu’il avait parfaitement réussi à éviter ce piège auparavant. Quelques moments lorgnant vers le cliché, moins crédibles et inutilement stressants font passer le film du conte touchant au road movie moins abouti. Toutefois, l’émotion est toujours là, l’intelligence de la mise en scène et de l’interprétation également, provoquant avec l’arrivée du générique de fin le sentiment d’avoir été bousculé, sonné mais surtout transporté dans une chronique de la vie dans ce qu’elle peut avoir de plus simple, de plus touchant et parfois de plus inexorable.

Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 17