Voisins

Affiche Voisins
Réalisé par Mano Khalil
Titre original Nachbarn
Pays de production SUISSE
Année 2021
Durée
Musique Mario Batkovic
Genre Drame
Distributeur Frenetic
Acteurs Serhed Khalil, Jalal Altawil, Jay Abdo, Mazen Alnatour, Tuna Dwek
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 877

Critique

Présenté aux 58es Journées de Soleure, le dernier long métrage du réalisateur kurdo-suisse Mano Khalil est empreint d’une apparente légèreté qui contraste avec la violence des événements qu’il relate. Une très belle œuvre qui fait résonner un triste écho avec la tragédie syrienne actuelle.

Mano Khalil est né en 1964 dans un petit village où un professeur l’a empêché de parler kurde lors de sa scolarité. Nul besoin d’en savoir plus sur le parcours du cinéaste pour déduire que Voisins est fortement inspiré de son enfance. Dès l’entame du film, nous découvrons Sero (Serhed Khalil) qui, du haut de ses 6 ans, commence sa première année d’école dans son village du Kurdistan, à proximité de la frontière turque. Si l’enfant s’adonne aux activités de son âge, il n’est pas dupe et, lorsqu’un nouveau professeur (Jalal Altawil) fraîchement débarqué l’oblige à parler arabe (langue qu’il ne connaît pas) et l’incite à haïr les juifs, Sero comprend que le monde qui l’entoure est en train de changer.

Le film se situe au début des années 80, sous la dictature d’Assad. Alors que certains adultes rêvent de construire un avion pour quitter leur terre pourtant si chère, Sero songe lui aussi à s’évader via les dessins animés qu’il aimerait tant voir à la télévision. Mais pour cela, il faudrait déjà que le courant soit acheminé jusqu’au village. En attendant, les poteaux électriques servent d’urinoir et Sero, accompagné de son oncle Aram (Ismail Zagros), provoque les soldats turcs postés à la frontière en envoyant dans les airs des ballons aux couleurs du drapeau kurde. Les coups de feu qui les font éclater sont identiques à ceux qui amèneront le drame au sein de la famille. Ce drame que même des yeux d’enfants ne peuvent ignorer. L’innocence de Sero vacille.

Malgré son sujet grave et ancré dans le réel, Voisins déroule son récit tout en mêlant l’humour à la satire. Esthétiquement magnifique, le film est constellé de symboles forts et représente la situation qu’il évoque à échelle humaine en nous immergeant dans le quotidien d’un village kurde. Et si le petit Sero finit par obtenir sa télé, les images qui en sortent ne sont pas celles qu’il imaginait. Néanmoins, les choses évoluent: le professeur quitte le village, le palmier, emblème du monde arabe, planté par l’enseignant ne passe pas l’hiver et le portrait du dictateur prend l’eau. L’espoir perdure.

Marvin Ancian

Appréciations

Nom Notes
Marvin Ancian 16