Ma famille afghane

Affiche Ma famille afghane
Réalisé par Michaela Pavlatova
Titre original My Sunny Maad
Pays de production République tchèque, Slovaquie, France
Année 2021
Durée
Musique Evgueni Galperine, Sacha Galperine
Genre Animation, Drame
Distributeur First Hand Films
Acteurs Miroslav Krobot, Eliska Balzerova, Hynek Cermák, Berenika Kohoutová, Zuzana Stivinova, Ivan Trojan
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 877

Critique

Un visuel charmant et un récit fort – cependant parfois un peu trop à la gloire de la perception occidentale – font de ce film une œuvre importante mais à regarder avec un œil critique.

Quand Helena, rebaptisée par la suite Herra, rencontre Nazir à l’Université de Prague, c’est le coup de foudre. La jeune femme n’hésite donc pas à le suivre à Kaboul, où ils se marient. Après plusieurs années, Herra, désespérée de ne pas pouvoir avoir d’enfants, recueille le jeune Mohammed, malade et errant dans les rues. Si celui-ci se révèle être un rayon de soleil dans la vie de la famille, les différences culturelles se font tout de même ressentir, parfois cruellement…

Un arrière-plan cliniquement blanc qui s’emplit progressivement d’un jaune chaleureux lors de la rencontre entre Herra et Nazir : les (bons) films d’animation nous rappellent qu’une image vaut réellement mille mots. Une caractéristique frappante de ce film est à quel point le style de l’animation est doux, en contraste avec les événements relatés, parfois très durs. Cela concerne les traits des personnages, mais aussi les couleurs, qui sont souvent désaturées, arborant des teintes grises ou jaune pâle, donnant l’impression d’une certaine morosité, comme si le propos du récit était déjà si émotionnel que la dimension visuelle devait se mettre en retrait. Cela n’enlève cependant rien à la beauté de l’image, qui nous transporte dès les premiers plans.

De son côté, le fond est loin des tons pastel de la forme. Si Ma famille afghane tente d’équilibrer les points de vue entre les deux cultures et de nuancer les oppositions qui pourraient en découler (le père de Nazir est dépeint comme plutôt « progressiste » et respectueux des femmes, tout comme Nazir lui-même, et Herra explique à plusieurs reprises la culture musulmane à une Américaine révoltée, par exemple), la perspective occidentale est tout de même montrée comme majoritairement meilleure, car plus ouverte et moins misogyne. Ceci peut s’expliquer par le fait que le fim se base sur un roman aux consonnances autobiographiques écrit par une journaliste tchèque, Petra Procházková, et qu’aucun des scénaristes n’a d’origines afghanes. Il est bien sûr très important d’exposer la souffrance des femmes afghanes face à un patriarcat oppressant et violent, symbolisée ici par les personnages de Freshta et Roshangol, respectivement sœur et nièce de Nazir, qui doivent supporter un mari et père absolument détestable. Seulement, il aurait été intéressant de le faire sans mettre les Occidentaux sur un piédestal, les décrire comme les sauveurs apportant la lumière à une civilisation vivant dans l’obscurité et l’obscurantisme. Le sujet abordé dans cette réalisation est donc essentiel mais aurait mérité un traitement un peu plus délicat. Ma famille afghane n’en reste pas moins un film à voir.

Amandine Gachnang

Appréciations

Nom Notes
Amandine Gachnang 14