L'Histoire de ma femme

Affiche L'Histoire de ma femme
Réalisé par Ildiko Enyedi
Titre original A feleségem története
Pays de production Hongrie, Allemagne, Italie, France
Année 2021
Durée
Musique Adam Balazs
Genre Drame, Romance
Distributeur Filmcoopi
Acteurs Jasmine Trinca, Louis Garrel, Léa Seydoux, Gijs Naber, Sergio Rubini, Luna Wedler
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 877

Critique

Dans ce nouveau long-métrage, la Hongroise Ildikó Enyedi met en lumière l’histoire d’amour tempétueuse entre le capitaine Jakob Störr (Gijs Naber) et Lizzie (Léa Seydoux), une jeune femme mystérieuse. « L’histoire de ma femme » suit les épreuves amoureuses de ce marin, qui trimballe son couple de port en port, en tentant de garder la tête hors de l’eau. Le film risque la lourdeur par sa longueur et aurait gagné à être davantage condensé.

 

« Je pourrais épouser la première femme à passer cette porte ! ». Il aperçoit alors la solaire Lizzy, et s’en va quérir sa main. Coup de théâtre : elle accepte. Ce défi marque le début, et la fin, du Capitaine Störr. Adapté du roman « L’histoire de ma femme : les souvenirs du Capitaine Störr » de l’écrivain hongrois Milán Füst, publié en 1942, le film de Enyendi suit une apaisante progression didactique d’un Bildungsroman. Comme si l’on se glissait dans un bain chaud, la romance langoureuse et visuellement somptueuse vous berce dans un sentiment de calme endormi. Mais rester trois heures à gorger dans la baignoire ne fait jamais du bien. « L’histoire de ma femme » éprouve dans sa durée quelque chose de l’ordre de l’épuisement: on assiste à une histoire d’amour que l’on sait impossible. 


Bien que légendaire pour son mépris impitoyable pour la vie des marins qui sillonnent ses surfaces orageuses, la mer s'avère être une maîtresse beaucoup plus douce que Léa Seydoux. Le pied sûr en mer, le capitaine Jakob Störr tangue sur la terre ferme. Homme de la situation sur les flots salés, entouré de matelots, Jakob ignore comment se comporter avec une femme et avec le « beau » monde - à comprendre la société guindée, bien différentes des tavernes des matelots. Cette esthétique du clair-obscur détient une place toute particulière dans ce drame, révélant et dissimulant tour à tour les différentes aspérités des deux protagonistes.


Il y a tout de même une progression dans son éducation sentimentale un peu humiliante, et il est amusant de voir les différentes méthodes que le Capitaine tente de mettre en place pour contrôler son anxiété face à l’infidélité soupçonnée de sa femme. Car le doute s’installe très vite et perdure tout au long du récit : Lizzy a-t-elle un amant ? Avec ses nombreux et longs voyages en mer, Jakob aimerait être un bon époux, pouvoir raffermir les liens de loyauté dans son couple, mais se retrouve vite dépassé par la situation. Au contraire de Lizzy, qui elle, sait parfaitement ce qu’elle veut : ne pas être une femme soumise, décider pour elle-même. Ou du moins, c’est ce qu’on en déduit, puisqu’on ne saura rien ni de son passé ni de ses activités en-dehors du domicile conjugal. La performance hypnotique de Léa Seydoux, et son regard énigmatique, joue de cette ambiguïté et le doute s’immisce jusque sous la peau, exprimé par sa sensualité. Et c’est là toute la grâce discrète de ce film faussement classique, dont la beauté des clairs-obscurs incarnent cette chorégraphie de l’intime dans ce qu’il a de plus beau : l’insaisissable.

Noémie Desarzens

Appréciations

Nom Notes
Noémie Desarzens 16