La vie que nous voulions

Affiche La vie que nous voulions
Réalisé par Ulrike Kofler
Titre original Was Wir Wollten
Pays de production Autriche
Année 2020
Durée
Genre Drame
Distributeur Netflix
Acteurs Lavinia Wilson, Elyas M'Barek, Anna Unterberger, Lukas Spisser, Iva Höpperger, Fedor Teyml
Age légal 13 ans
Age suggéré 13 ans
N° cinéfeuilles 846

Critique

Nommé cette année aux Oscars pour l’Autriche, ce long métrage est une adaptation esthétiquement réussie d’une nouvelle du Suisse Peter Stamm. Touchant par sa thématique forte, le film fonctionne bien sans pour autant laisser bouche bée.

Enchaînant rendez-vous médicaux sur inséminations artificielles, Alice (Lavinia Wilson) et Niklas (Elyas M'Barek) essaient ensemble d’avoir un enfant depuis longtemps. Cette quête ultime ne semble pas aboutir malgré de nombreux essais; une médecin leur conseille alors de prendre un peu de repos. C’est ainsi que le couple se retrouve en Sardaigne, dans une petite maison mitoyenne de station balnéaire, avec pour voisins une famille germanophone avec deux enfants.

Les commentaires proférés à la va-vite au couple pourtant persévérant à propos du fait qu’ils n’aient (toujours) pas d’enfant montrent une maladresse, voire une gêne face au sujet, notamment avec le fameux: «Vous avez de la chance de ne pas en avoir», lorsque les petits font des bêtises. La fillette et l’adolescent des voisins amènent une couche de concret à la réalité à laquelle aspirent les deux jeunes parents: ce qu’ils veulent versus ce qu’ils ont, comme le rappelle le titre du film. Abordé avec le sérieux nécessaire, ce potentiel film à Oscar ne prend pas le parti de la comédie, comme ont pu le faire Une folle envie de Bernard Jeanjean (2011) ou Maybe Baby, ou comment les Anglais se reproduisent de Ben Elton (2000). Ces deux longs métrages humoristiques mettaient en scène des femmes qui passent la moitié du film le sourire aux lèvres alors que leur désir d’enfant ne se réalise pas. Loin de moi l’idée de juger la façon dont chacune et chacun vit ses émotions, mais il semble dans tous les cas pertinent de proposer une autre version, ici plus grave, de la manière dont on peut vivre ces situations.

Car tout au quotidien semble rappeler à Alice qu’elle n’est pas assez, qu’elle est une perdante, car elle n’arrive pas à procréer. Denise (Iva Höpperger), la petite fille voisine et aventureuse, prend sous son aile l’adulte et sa dépression pré-partum, et constate que cette dernière a toujours l’air triste. Ce renversement de situation est très touchant, alors même que l’enfant ne comprend pas nécessairement toutes les raisons de cette détresse. Le grand frère de Denise, David, traverse périlleusement sa crise d’adolescence, toujours sous les yeux du couple nullipare - c’est bien comme cela que sont appelées les personnes qui n’ont pas «encore» eu d’enfant - qui constate amèrement la procréation réussie des autres. Spatialement séparés par quelques parois et un jardin, les deux couples se retrouvent quelques fois pour partager un verre, discuter de leurs vacances, mais c’est en réalité tout un monde qui les sépare. Quelques magnifiques plans larges réunissent ainsi ces familles voisines pour un temps, qui avec ou sans enfant, restent malgré tout des familles.

Camille Mottier

Appréciations

Nom Notes
Camille Mottier 16