Derrière nos écrans de fumée

Affiche Derrière nos écrans de fumée
Réalisé par Jeff Orlowski
Titre original The Social Dilemma
Pays de production U.S.A.
Année 2020
Durée
Musique Mark Crawford
Genre Documentaire
Distributeur Netflix
Acteurs Vincent Kartheiser, Skyler Gisondo, Kara Hayward, Tristan Harris, Sophia Hammons, Catalina Garayoa
Age légal 7 ans
Age suggéré 7 ans
N° cinéfeuilles 846

Critique

Si vous avez envie de perdre moins de temps sur les réseaux sociaux mais que vous n’arrivez pas à passer à l’acte, voici le documentaire idéal à regarder. Une production Netflix qui fait intervenir les grandes pointures du monde des algorithmes en ligne.

Dès les premiers plans, des anciens employés - peu d’employées dans le monde «masculin» de l’informatique - avouent leurs peurs face à ce que sont devenus Instagram, Facebook ou encore Twitter. La mise en scène est soulignée de prime abord, peut-être pour rappeler qu’autant les réseaux sociaux que le cinéma sont avant tout une grande mascarade. Les anciens et anciennes membres de l’industrie informatique se confient, filmés en portrait face caméra, devant un arrière-plan flou, avec deux ou trois angles de prises de vue. Ajoutez à cela un peu de voix over par-ci par-là lorsque les émotions prennent le dessus, et vous avez un documentaire Netflix classique.

Mais là où la forme devient intéressante, c’est lorsque deux narrations alternatives s’ajoutent aux témoignages. La première présente une famille dont les plus jeunes recrues passent un temps démesuré sur les réseaux sociaux, au grand dam de leurs parents; impossible de profiter d’un repas en famille pour discuter, ils sont scotchés à leur écran. Ces situations du quotidien, triviales et pourtant pleines d’enjeux, sont complétées par un second type de narration: la mise en images d’affirmations saisissantes sur les données que possèdent les grands de l’industrie du web. Le temps défile sur des chronomètres qui mesurent le nombre de secondes passées sur chaque publication, des jauges estiment notre humeur du moment et adaptent le contenu en fonction, un avatar prend la forme du jeune adolescent lambda présenté plus tôt dans la famille techno-addict et techno-phobe.

Plus on passe de temps sur les réseaux, plus les algorithmes se nourrissent de nos informations, même les plus insignifiantes, et renforcent leur efficacité pour atteindre leurs cibles à chaque fois: nous faire rester le plus longtemps possible sur la plateforme, nous faire partager des contenus et agrandir la communauté, et enfin parsemer le tout de publicité pour s’en mettre plein les poches. Comme le formule un des ex-vice-présidents senior de Twitter à propos des réseaux sociaux, «ces choses prennent vie toutes seules une fois qu’on les relâche». On termine alors le documentaire avec l’impression que des petites bêtes se cachent dans nos téléphones et nos ordinateurs - ce qui en un sens n’est pas faux. Un sentiment viscéral et général d’angoisse nous bouscule pour se faire une place. Mais après quelques jours sans «scroller» (comprenez «dérouler du contenu internet vers le haut ou le bas»), tiendrons-nous nos bonnes résolutions et arrêterons de nourrir la machine qui elle-même nous faire courir à notre perte?


Camille Mottier

Appréciations

Nom Notes
Camille Mottier 16