Le Diable, tout le temps

Affiche Le Diable, tout le temps
Réalisé par Antonio Campos
Titre original The Devil All The Time
Pays de production U.S.A.
Année 2020
Durée
Genre Thriller, Drame
Distributeur Netflix
Acteurs Robert Pattinson, Haley Bennett, Tom Holland, Bill Skarsgård, Riley Keough, Harry Melling
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 844
Bande annonce (Allociné)

Critique

Vous avez envie de rire? Alors ce film ne sera assurément pas à votre goût. Par contre, si vous êtes à la recherche d’une histoire poignante, peuplée de personnages torturés au parcours déchirant, sur fond d’une critique de l’abus de pouvoir, vous avez frappé à la bonne porte!

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le soldat Willard Russell (Bill Skarsgård) rentre chez lui, la tête encore emplie des images traumatisantes dont il a été témoin. Il croise alors la route de Charlotte, qui deviendra sa femme et la mère de son fils, Arvin. Une histoire à la «ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants», digne d’un conte de fées? Loin de là, car autour du petit garçon (que l’on voit ensuite grandir pour devenir un jeune homme profondément marqué par son enfance), le monde rural et empreint de religion et de violence se révèle sans pitié.

Les spectateurs qui envisagent la période des années 1950-1960 aux États-Unis par le seul prisme d’œuvres comme la série Mad Men (ou du moins un de ces aspects) risqueront d’être dépaysés face à ce long métrage, abandonnant le faste et le glamour new-yorkais pour la rudesse du Midwest, dans la campagne de l’Ohio et de la Virginie-Occidentale. Ce décor temporel et géographique participe au caractère lourd et mélancolique du récit, qui se révèle une fervente critique de la guerre et de la politique, mais aussi et surtout de la religion (le Diable n’est finalement pas tant à blâmer que Dieu lui-même, ou plutôt les actions horribles que les hommes accomplissent en son nom) et l’abus de pouvoir qui l’accompagne, les fidèles étant dépeints comme malléables, aveuglés par leur foi.

Point fort de la réalisation, un large casting cinq étoiles, avec des acteurs habités par leurs rôles. Si on est plus habitué à voir Robert Pattinson, Tom Holland et Sebastian Stan interpréter des héros, ils se montrent ici à contre-emploi mais fantastiques. Eliza Scanlen (qui, après Sharp Objects et Les Filles du docteur March, sait définitivement bien choisir ses projets) est également brillante et touchante. Preuve de l’investissement des acteurs, il a été révélé qu’une séquence mettant en scène Harry Melling (le Dudley des Harry Potter) et des araignées avait été tournée avec de véritables bestioles à huit pattes… Les arachnophobes apprécieront! Seul inconvénient de cette pléthore de personnages: même si en 2 h 18, on peut en raconter des choses, on ne peut pas tout développer en profondeur. Une certaine frustration s’installe alors, car on aimerait en savoir plus sur certains points, événements ou traits de caractère, qui ne sont qu’effleurés. Et si ces 2 h 18 peuvent sembler imposantes au premier abord, on ne les voit finalement pas passer, happés que nous sommes dans cette portion d’histoire, emportés dans la vie du pauvre Arvin et sidérés de voir que les mêmes erreurs, les mêmes actes de violence sont répétés sans en tirer de leçons. Une particularité du film, à savoir le fait que le récit soit narré par l’auteur du roman qui lui servit d’inspiration, reflète d’ailleurs cette idée: les personnages paraissent enfermés par cette voix qui dicte leur destin comme si celui-ci était écrit à l’avance (et il l’est en effet, dans les pages du livre). Ils ne peuvent s’en échapper ni le modifier, ils n’ont aucun contrôle. Une dramatique prédestination et une manipulation pernicieuse sur fond de justification religieuse, tout cela semble en effet bien diabolique, non?

Amandine Gachnang

Appréciations

Nom Notes
Amandine Gachnang 17