Pays de production | Suisse |
Année | 2017 |
Durée | |
Musique | Filippo Gonteri |
Genre | Essai et documentaire |
Distributeur | C-Side Productions |
Age légal | 16 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 787 |
Le cinéaste lausannois Nicolas Wagnières n’a pas vécu en ex-Yougoslavie, mais sa mère est originaire de ce pays. Avec Hotel Jugoslavija, il s’intéresse à cette nation disparue il y a une quinzaine d’années (il y a passé de nombreuses vacances de jeunesse), il s’interroge sur ce qu’elle est devenue et cherche à comprendre ce que l’on veut dire quand on parle aujourd’hui d’«identité yougoslave». Des traces de cette identité subsistent en effet dans la ville de Belgrade, là où se trouve, construction mythique des années 70, l’hôtel Jugoslavija, témoin des différents moments qui ont façonné la Yougoslavie, de Tito à Milosevic.
Ce documentaire est une sorte de miroir historico-politique éclairant à la fois le socialisme d’antan, le nationalisme d’après la Chute du mur de Berlin et le libéralisme (souvent corrompu) d’aujourd’hui. Accompagné de sa caméra, le réalisateur longe les corridors, traverse les chambres de l’hôtel à plusieurs époques différentes et sollicite la mémoire de ceux qui habitent ou ont habité le bâtiment. Il réussit à créer une sorte d’espace-temps original, symbole et image d’un pays qui n’existe plus, d’une région qui a été mise à feu et à sang pendant dix ans (de 1991 à 2001) et qui s’est désintégrée en 2003.
Discours de propagande, documents d’actualités de l’époque, témoignages, séquences de films de fiction tournés dans les environs de l’hôtel accompagnent cette plongée dans un passé bousculé par la guerre. Tout cela laisse un goût amer chez le cinéaste-narrateur qui, dans son commentaire en «voix off», dit se sentir lui-même envahi par la nostalgie. Plusieurs intervenants («yougoslaves») s’expriment aussi, dans leur langue, sur cette République fédérale socialiste défunte, dans de longues interviews, mais le chroniqueur de ces lignes - seule la version originale d’Hotel Jugoslavija, en serbo-croate et non sous-titrée, a été présentée à la presse - n’a malheureusement pas pu saisir le sens de leurs propos. Voilà pourquoi il s’est abstenu, au final, de mettre une «note» à cet essai-documentaire sans nul doute intéressant. A voir donc en salle, avec les sous-titres français…
Antoine Rochat