L'édito de Antoine Rochat - Le box-office, la critique et Ciné-Feuilles

Le 07 mars 2018

Coup d’œil sur le box-office des films projetés début 2018 sur les écrans de Romandie: on trouve en tête, dans l’ordre, Les Tuche 3, Pentagon Papers et 3 Billboards, les panneaux de la vengeance.

Si l’on peut reconnaître à Martin McDonagh, réalisateur de 3 Billboards, la qualité de «poser sur une certaine Amérique le regard le plus authentique vu au cinéma depuis longtemps» (Georges Blanc), et si le dernier Spielberg n’hésite pas à revenir sur la fameuse affaire des papiers du Pentagone et l’implication mensongère du gouvernement américain dans la guerre du Vietnam, «un thriller classique mais plutôt bien ficelé» (Adèle Morerod), on peut se demander en revanche comment Les Tuche 3 ont réussi à se propulser en tête du box-office de ce début d’année. Ciné-Feuilles a attribué à ce film une note proche du néant: «Le langage et les comportements vulgaires ainsi que la bêtise des répliques nous laissent pantois et consternés» (Nadia Roch).

Si l’on se tourne maintenant vers la critique de nos voisins français, on constatera que les défenseurs des Tuche sont aussi nombreux que leurs détracteurs. Ainsi, Les Inrockuptibles, Le Parisien, Première et même Le Monde défendent le long métrage d’Olivier Baroux et Jean-Paul Rouve. Mais pour d’autres le film ne vaut pas grand-chose: Télérama («Une succession de sketchs paresseux et prévisibles, un film méchamment fainéant et gentiment navrant»), SensCritique («Le fait que ce genre de films fasse un tabac reflète parfaitement bien la déchéance du genre en France, et dans ce genre de dégueulis sur grand écran…»), Le Nouvel Observateur et Le Dauphiné Libéré n’y vont, eux aussi, pas de main morte.

Voilà donc une comédie commerciale qui divise l’opinion, mais qui a déjà engrangé de jolies recettes (400’000 entrées le 1er jour). On notera qu’au classement de février Les Tuche 3 ont été vite détrônés par… Black Panther.

L’occasion aussi de rappeler en passant que Ciné-Feuilles ne cherche pas en priorité à attirer l’attention de ses lecteurs sur les gros succès, mais bien plutôt sur des films qui ne flattent pas nécessairement les attentes (divertissantes?) du grand public. Des films moins racoleurs, mais qui sont les vrais reflets de notre monde et de son actualité.