DEAF U : Le campus en langue des signes

Le 18 novembre 2020

Deaf U, de Nyle DiMarco, USA, 2020, Diffusion Netflix

Avec : Dalton Taylor, Rodney Buford, Cheyenna Clearbrook, Tessa Lewis, Renate Rose, Daequan Taylor, Alexa Paulay-Simmons

Saison 1 : 8 épisodes de 20 minutes

Genre : Documentaire

Âge : 13/13

NOTE : 15

Une télé-réalité documentaire mettant en scène des personnes sourdes dans une université spécialisée à Washington? C’est la nouvelle production Netflix qui, plus qu’une série un peu superficielle, a au moins le mérite de présenter la culture sourde et ses enjeux inconnus au grand public.

Gallaudet forme des centaines d’étudiants et étudiantes par année, avec la particularité d’être la seule université réservée aux personnes sourdes et malentendantes. Elle propose ainsi un cursus particulier, adapté aux besoins des élèves. Mais ce sont les événements et traditions estudiantines qui sont montrés plutôt que les cours: les matchs de rugby, les soirées alcoolisées, les petites romances et dragues incertaines, les manifestations et autres moments de repos dans les appartements sur le campus. Les personnages ont très certainement été choisis selon des critères de télé-réalité plus qu’autre chose: Cheyenna est influenceuse, Tessa vient d’une famille sourde et aisée, Alexa laisse les mecs lui courir après et Renate est active au sein des milieux militants et queer. Du côté des garçons, Daequan a eu une enfance difficile, Dalton a le look du beau gosse timide, tandis que Rodney est plutôt le bad boy. Mais une seule chose unit ces jeunes: leur ouïe déficiente.

Automatiquement, des groupes se créent au sein de cette communauté: les «vrais» sourds forment «l’élite», car ils ont grandi dans des familles sourdes, la langue des signes est leur première langue, et ils ont généralement les moyens de leurs ambitions. En parallèle se trouvent tous les autres, notamment les malentendants qui ont des appareils d’aide auditive et les personnes devenues sourdes qui ne le sont pas de naissance. Une partie importante des discussions face caméra fait état de ces différences d’éducation et de façon de vivre la surdité. C’est alors une force de la série que de montrer qu’il n’existe pas qu’un seul type de personne sourde. Cette diversité encourage une représentativité plus inclusive, bien qu’il lui ait été reproché de ne pas mettre en scène des femmes de couleur, des personnes qui commencent à apprendre la langue des signes et qui ne sont pas bilingues, ou encore des personnes peu familières de la culture sourde. Ce terme désigne un ensemble de pratiques, de règles sociales et de valeurs propres à ce groupe qui communique avec des signes. Elle se place en opposition forte à la culture entendante, et les interférences sont plutôt mal vues.

Comme avec Love On The Spectrum (2019) qui mettait en scène la vie amoureuse de personnes sur le spectre de l’autisme dans un dispositif de télé-réalité assez semblable, Netflix élargit l'éventail des personnes représentées. Si c’est une nouvelle réjouissante, on peut tout autant se réjouir de potentielles séries contenant simplement ces types de personnages différents, au même titre que n’importe quels autres, sans en faire une télé-réalité qui décale malgré tout le propos. Ainsi, bien que le dispositif soit superficiel, le fond reste intéressant et encourage à découvrir davantage cette culture alternative ô combien inconnue.


Camille Mottier