Paradis : Amour

Affiche Paradis : Amour
Réalisé par Ulrich Seidl
Pays de production France, Autriche, Allemagne
Année 2012
Durée
Genre Drame
Distributeur inconnu
Acteurs Margarete Tiesel, Peter Kazungu, Inge Maux, Dunja Sowinetz, Helen Brugat
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 684
Bande annonce (Allociné)

Critique

Paradis : Amour est un film cruel, dérangeant, voire perturbant. Dans le premier volet de sa trilogie Paradis, (Foi et Espoir suivront), Ulrich Seidl nous introduit dans l’univers et l’intimité de femmes en mal d’amour. Si Teresa (Margarete Tiesel), la cinquantaine, divorcée et mère d’une adolescente, part pour le Kenya et se paie les services de jeunes hommes en mal d'argent, ce n’est pas tant pour compenser son absence de vie sexuelle. Elle est seule, trop seule, elle se sent vide, sans homme, sans amour. Elle cherche à grappiller quelques miettes de tendresse pour rompre sa solitude, même s’il faut payer pour cela.
L’art du réalisateur autrichien est de nous donner à comprendre à fleur de peau chacune des actions et réactions de Teresa et de ses compagnes d’aventures sexuelles, ce qui renvoie finalement à notre réalité. Et cet effet de miroir est impitoyable. On lui a fait le procès de manquer de pudeur en mettant le spectateur mal à l’aise et en situation de voyeur.
Or, à la lisière du documentaire qu’il pratiquait avant de réaliser des fictions, Seidl s’inspire d’enquêtes approfondies pour écrire ses scénarios. En 2007, dans Import export, il s’attaquait déjà au drame de l’inégalité économique qui pousse des femmes à devenir objets sexuels au service d’hommes consommateurs de pornographie. Sa manière crue de filmer oblige à reconsidérer quelle est la vraie obscénité: traiter un être humain comme un objet!
Pour comprendre comment ces femmes en arrivent là, il les pousse dans leurs derniers retranchements, dans ce que l’on aimerait tellement éviter, pour nous faire prendre la mesure de l’ampleur du désastre, de ce vide absolu, de ces femmes en creux, coincées dans des existences sans amour, où l’on passe du don au prix à payer.

Anne-Béatrice Schwab (CF 683)


 Séquence d’ouverture de ce docu-fiction mêlant acteurs professionnels et gens de la «vraie vie»: des handicapés mentaux s’éclatent en autos tamponneuses sous les yeux de leurs éducatrices, dont Teresa (Margarethe Tiesel), quinquagénaire divorcée affligée d’une fille prépubère aussi dynamique qu’une nouille trop cuite... Teresa s’offre des vacances au Kenya, dans un hôtel cinq étoiles gardé par des vigiles armés (comme on dit là-bas, «hakuna matata», pas de souci! Elle y fait la connaissance d’autres femmes esseulées venues s’offrir du sexe avec de jeunes mâles avides d’argent. C’est ainsi que l’on peut voir, sur une plage de sable blanc bordée d’un océan turquoise, un alignement de transats séparé par une corde derrière laquelle les prétendants attendent patiemment de vendre des colifichets voire plus si entente... sans oublier le carrousel de scooters et de motos encerclant ces dames dès leur sortie du périmètre. A son tour, Teresa devient une «sugar mama» (on pourrait traduire par «maman gâteau») mais, désireuse d’amour plus que de sexe, elle va de déconvenue en déconvenue, d’autant qu’elle se voit abondamment sollicitée pour des secours financiers aux motifs peut-être bien inventés...

Comprenant parfois des scènes à la limite du X, le film suscite un sentiment de malaise et de voyeurisme. Peut-être est-ce, aux yeux de certains, un juste retour des choses que des peuples autrefois colonisés exploitent la richesse de l’homme (de la femme) de l’hémisphère Nord. Volontairement, le réalisateur n’avait pas de scénario et filmait les scènes dans l’ordre chronologique, laissant une large part d’improvisation aux protagonistes.

On peut saluer le courage de Margarethe Tiesel et de ses consœurs, qui ont eu le courage de dévoiler leurs anatomies sinistrées, et relever la pudeur des partenaires africains qui, dans la vraie vie, répugnent à se dénuder. Cette pudeur aurait été bienvenue dans la démarche d’Ulrich Seidl...

Daniel Grivel (CF 659)

 

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Appréciations

Nom Notes
Anne-Béatrice Schwab 15
Daniel Grivel 15
Georges Blanc 10
Serge Molla 15