Wadjda

Affiche Wadjda
Réalisé par Haifa Al Mansour
Pays de production Arabie Saoudite
Année 2012
Durée
Musique Max Richter
Genre Drame
Distributeur praesensfilm
Acteurs Waad Mohammed, Reem Abdullah, Abdullrahman Al Gohani, Ahd, Sultan Al Assaf
Age légal 10 ans
Age suggéré 10 ans
N° cinéfeuilles 677
Bande annonce (Allociné)

Critique

Wadjda, malgré ses dix ans, a déjà le caractère bien trempé. Et ce ne sont pas les obstacles dressés sur son chemin qui effaceront rapidement ses rêves. A commencer par celui d’acquérir une bicyclette pour démonter à son ami Abdullah qu’elle est capable de pédaler plus vite que lui. Wadjda va donc tout mettre en œuvre pour réaliser ce désir qui pourrait paraître innocent si ce fait divers ne se déroulait pas à Ryad et sa banlieue. Les prescriptions de l’islam ne précisent-elles pas le rôle et la place de chacun, des hommes et des femmes, et cela dès l’enfance ? La jeune fille, intelligente, discerne bien les tourments de sa mère enseignante, mais promue à n’être qu’une seconde épouse. Aussi, lorsque se présente une opportunité de gagner un prix par une récitation coranique, il s’agit de ne pas la laisser échapper, car le vélo deviendrait accessible. La condition de la femme, le rôle de l’homme, la polygamie et l’instruction des jeunes filles sont au centre de ce film de première réalisatrice saoudienne. Avec tact et audace, il porte sur le rapport de l’islam à la modernité, mais il le fait de l’intérieur, et transforme l’essai en véritable réussite.

Serge Molla

Prix Interfilm pour la promotion le dialogue interreligieux lors de La Mostra de Venise 2012 (Sélection Orizzonti)

 


Premier film tourné en Arabie Saoudite, mais aussi premier film séoudien réalisé par une femme, WADJDA, de Haïfaa Al-Mansour ne sera jamais exploité en Arabie Saoudite, vu que le pays ne compte pas une seule salle de cinéma. Et pour cause: le septième art y est associé au diable! Ce qui explique que la réalisatrice n’a pas été contrainte de voiler continuellement les femmes dont elle fait un portrait attachant et tendrement subversif.
Prix de la critique internationale au dernier Festival de Venise en 2012, WADJDA s’attaque en douceur à l’intolérance et aux mœurs rigides du royaume wahhabite, qui emprisonnent littéralement les femmes. Car elles ne sont pas seulement contraintes de porter le voile en public, de se cacher en permanence du regard des hommes, elles doivent carrément s’effacer, contraintes au silence, à l’obéissance, à l’enfermement. Haïfaa Al-Mansour a choisi de raconter l’histoire de Wadjda, douze ans, qui porte un jean et des baskets sous sa longue robe informe. C’est une gamine pleine de vie, qui ne rêve que d’une chose: s’acheter un vélo vert qu’elle a repéré chez un marchand pour faire la course avec son voisin et ami Abdallah.
Seulement il y a un hic: les filles n’ont pas le droit d’aller à bicyclette, car cet engin menace leur vertu. Pas question pour sa mère de lui acheter un vélo. L’adolescente, qui observe la soumission permanente des femmes autour d’elle, et plus particulièrement celle de sa mère forcée d’accepter que son mari prenne une seconde épouse, est bien déterminée à gagner l’argent qui lui permettra d’acquérir l'engin. Bien que piètre élève, elle décide de participer au concours de récitation coranique organisé par son école, car le premier prix est une coquette somme d’argent. La réalisatrice, qui dit n’avoir pas voulu décrire la condition féminine en Arabie séoudite, ne stigmatise à aucun moment les hommes.  A travers Abdallah, le copain et complice de Wadjda, on devine que la société va devoir d’adapter à la modernité et se montrer moins intolérante. Malgré quelques longueurs, notamment dans la description du quotidien de Wadjda et de son entourage, le film, plein de tact, ne peut que nous toucher et parfois même nous émouvoir.

Nicole Métral

 

Ancien membre

Appréciations

Nom Notes
Georges Blanc 15
Daniel Grivel 16
15
Geneviève Praplan 15
Antoine Rochat 16
Serge Molla 16
Anne-Béatrice Schwab 16