Vénus noire

Affiche Vénus noire
Réalisé par Abdellatif Kechiche
Pays de production France
Année 2009
Durée
Musique Slaheddine Kechiche
Genre Drame, Historique
Distributeur xnix
Acteurs Elina Löwensohn, Olivier Gourmet, François Marthouret, Yahima Torres, André Jacobs
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 626
Bande annonce (Allociné)

Critique

Pas une once de complaisance! Parce qu’il est un artiste, Abdellatif Kechiche ne cherche jamais à séduire son public. Ce dernier l’avait compris avec L’Esquive (2003), puis La Graine et le mulet (2007). Il le vérifiera encore plus rudement avec VENUS NOIRE, film remarquable par la qualité de sa mise en scène et surtout l’art avec lequel il exprime la complexité de son sujet. Mais film terrible parce qu’il ne se donne aucun droit à l’ellipse, qu’il se livre dans sa vérité la plus crue.

On l’appelle la Vénus Hottentote. Saartje Baartman (Yahima Torres) a le malheur d’avoir 25 ans à une époque où les colons ramènent des «curiosités» en métropole pour en faire profiter les foules. Née dans la région du Cap, elle vient en Angleterre en 1810, puis en France, avec le père de famille dont elle a d’abord été la domestique: ses caractéristiques anatomiques ont inspiré à l’homme un spectacle sordide qui devrait leur rapporter beaucoup d’argent. La jeune femme devient un singe de foire, un objet de désir; elle résiste en vain, puis s’étiole, humiliée jusqu’à l’extrême par les populaces et les libertins de l’aristocratie, quasiment violée par les scientifiques, Georges Cuvier (François Marthouret) en tête. Saartje ne retrouvera sa dignité qu’en 2002, lorsque ses restes seront ramenés en Afrique du Sud, avec les honneurs.

Cette dramatique histoire est un fait divers. Mais elle illustre l’asservissement auquel ont été soumis les peuples africains. Ou, sinon leur asservissement - car Saartje est une femme libre -, la conviction qui prévalait de leur infériorité. Le réalisateur va encore plus loin en choisissant la jeune Africaine pour symboliser toutes les oppressions, tant celles d’hier que celles d’aujourd’hui.

Vénus noire est donc une œuvre puissante. Mais Kechiche s’appuie tellement sur le temps réel pour décrire les scène humiliantes qu’il en pousse le message jusqu’aux limites du soutenable. Les quelques séquences bouleversantes par leur humanité, la beauté des gros plans sur le visage de Saartje ne font que renforcer l’indignité de ce qu’elle subit. C’est le choix de l’auteur: peser sur l’horreur et la bêtise jusqu’à ce qu’on en saisisse dans sa chair la violente réalité. On ne peut l’en blâmer.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 15
Daniel Grivel 12
Antoine Rochat 12
Maurice Terrail 3