Critique
Deux filles, un garçon, leurs parents, soit une famille comme les autres. Ou presque, car seul le père quitte régulièrement la propriété pour se rendre à son travail. Education, loisirs, découverte de soi et de l’autre, tout se passe (mal) dans le lieu clos qu’est cette villa à l’écart d’une petite ville. Du coup, tout perd son sens, vu que les mots et les gestes ne signifient pas ce qu’ils portent à l’extérieur. Plus les jeunes grandissent, plus s’amplifie le risque du déséquilibre que la venue de Cristina, destinée à satisfaire les pulsions sexuelles du fils aîné, va précipiter. Cette réalisation glacée et dénuée d’émotion, dans laquelle couve la violence, glisse vers l’expression d’un non-sens mortifère. Elle démontre dans un enchaînement bien huilé que l’enfer est effectivement pavé de bons sentiments si l’on se souvient que l’ensemble des interdits et la surprotection absolutisée devant les dangers du monde extérieur sont établis pour le meilleur des enfants. Mais la vie s’accompagne toujours du risque de la confrontation à l’autre. Nier cela peut mener au pire, l’histoire le rappelle sans équivoque.
Serge Molla