Grbavica - Sarajevo, mon amour

Affiche Grbavica - Sarajevo, mon amour
Réalisé par Jasmila Zbanic
Pays de production Autriche, Bosnie-Herzégovine, Allemagne, Croatie
Année 2005
Durée
Genre Drame
Distributeur ID Distribution
Acteurs Mirjana Karanovic, Luna Mijovic, Ermin Bravo, Leon Lucev, Kenan Catic
N° cinéfeuilles 535
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Grbavica est une banlieue de Sarajevo. Esma (Mirjana Karanovic) y vit avec sa fille Sara (Luna Mijovic). L'adolescente va partir en voyage de classe et sa mère travaille comme une forcenée pour réunir l'argent nécessaire. Dans cette ville sinistrée où le chômage reste l'emploi le plus fréquent, la solidarité fait des merveilles, mais encore! Au souci du budget va s'ajouter un autre problème, lorsque Sara apprend que le voyage de classe est offert aux enfants de ""héros de guerre"", comme elle. Comment obtenir l'attestation que sa mère refuse de lui fournir?

""Je suis fascinée par la vie de tous les jours mais en comparaison avec la guerre, elle semble ordinaire, peu dramatique, banale. Lorsque la surface de cette vie de tous les jours est grattée, toute la puissance des sentiments - du passé, du présent, du futur - fait surface."" Jasmila Zbanic est née à Sarajevo. Pendant la guerre, elle a senti l'urgence de se nourrir de culture et commencé à faire du théâtre avant de se tourner vers le cinéma. Son expérience, son analyse de la tragédie vécue donnent à GRBAVICA la couleur d'un témoignage.

Des enfants sont nés pendant la guerre, ils ont aujourd'hui une douzaine d'années, comme Sara (Luna Mijovic). Que se passe-t-il dans la tête de ces enfants nés dans la violence, nés de la violence? Les cicatrices sont énormes, trop de secrets les amplifient, les conflits sont toujours latents. Tout dans ce film semble suspendu à un drame. Même au cœur des sentiments positifs, affection, amitié, amour qui ne manquent pas de s'affirmer. C'est donc une œuvre de grande tension, mais emplie d'espoir, que Jasmila Zbanic signe ici, avec maîtrise et pudeur. Elle amène le spectateur à se plonger dans les souffrances et le courage des autres, le temps de mieux les comprendre. Ce n'est que justice.

Ce film a reçu l'Ours d'Or au dernier Festival de Berlin. La récompense n'est pas anodine. Car outre les qualités du film qui la justifiaient pleinement, elle a contribué à la reconnaissance, par l'Etat bosniaque, des femmes victimes de la guerre."

Geneviève Praplan