Critique

Raconter en 6 à 8 minutes l'histoire d'une brève rencontre amoureuse dans un quartier de Paris, tel était le défi qu'ont accepté de relever une vingtaine de réalisateurs venus du monde entier. Des cinéastes qui se sont emparés de la réalité d'aujourd'hui de la Ville Lumière, sans perdre leur regard amoureux sur la cité, sans oublier non plus leurs qualités d'écriture, ni leur manière personnelle de regarder le monde.

Le résultat est étonnant. On aurait pu s'attendre à un bric-à-brac douteux ou à une suite de pléonasmes cinématographiques lassants, mais il n'en est rien. PARIS, JE T'AIME est un large éventail de coups d'œil différents, originaux et passionnants. Le film dure deux heures, mais paraît trop court...

On découvre dans plusieurs de ces petits films - les cinéastes ont dû faire un effort de concision et les résultats sont remarquables - de véritables perles: Steve Buscemi filmé sur le quai du métro des Tuileries par les frères Cohen; Natalie Portman éprise d'un aveugle dans le faubourg Saint-Denis, pour le compte du réalisateur Tom Tykwer; le couple mythique de Gena Rowlands et Ben Gazzara en veine de divorce et s'affrontant, de manière à la fois courtoise et cynique, dans un bistrot du Quartier latin tenu par le patron Depardieu; le quotidien silencieux et émouvant d'une maman de jour immigrée, dans le XVIe arrondissement, vu par Walter Salles et Daniela Thomas; la carte postale du XIVe d'une touriste américaine envoyée par Alexandre Payne, etc.

La curiosité de tous ces réalisateurs venus des quatre coins du monde les a poussés jusque dans des recoins insoupçonnés de la cité, et l'on a souvent l'impression qu'ils cherchent à réinventer le regard que l'on peut porter sur la capitale française. Et quel plaisir aussi de croiser autant d'acteurs dans les rues de Paris: Nick Nolte au parc Monceau, Bob Hoskins et Fanny Ardant à Pigalle, Juliette Binoche et Willem Dafoe (en cow-boy!) sur la place des Victoires. Un vrai régal.



Antoine Rochat





Exercice de style original et sympathique, PARIS, JE T'AIME est un collage de petits sketches, tous explorant les recoins de la capitale française, tous explorant des expressions diverses du sentiment amoureux. Une vingtaine de réalisateurs ont relevé le défi proposé par Tristan Carné et Emmanuel Benbihy: raconter en cinq minutes une histoire d'amour qui se déroule dans un arrondissement parisien. On imagine le souci du travail de montage, lier ces récits disparates pour que le film trouve son unité narrative.

L'aventure n'est pas vaine. Si les courts métrages sont de qualité inégale, l'ensemble qu'ils forment est rendu cohérent par le fil rouge qu'est Paris, sa beauté, ses beautés. La ville est toujours filmée dans son essence, les clichés sont évités, c'est un vrai plaisir. Quant aux histoires d'amour, elles sont imaginatives, touchantes, plates aussi, parfois, comme celle de Gus Van Sant, peu brillant dans son exercice. A noter la présence de Gena Rowlands qui écrit et interprète le sketch de Fernand Auburtin et Gérard Depardieu, QUARTIER LATIN. Ici, l'amour est définitivement perdu dans le passé. Si subsistent le regard de miel, la douceur de la voix, la rondeur du geste, ce n'est que pour masquer la perfidie d'une véritable guerre. Un autre plaisir est 14e ARRONDISSEMENT, d'Alexandre Payne, poésie du voyage libre de tout commerce touristique, dans la réalité quotidienne.



Geneviève Praplan

Ancien membre