Bread and Roses

Affiche Bread and Roses
Réalisé par Ken Loach
Pays de production Allemagne, Espagne, Grande-Bretagne, France, Suisse
Année 2000
Durée
Musique George Fenton
Genre Drame
Acteurs Adrien Brody, Pilar Padilla, Elpidia Carillo, Jack McGee, Frank Davila
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 394
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Avec BREAD AND ROSES Ken Loach a déçu. Non que l'entreprise ne fût pas sympathique: le réalisateur suit pas à pas l'intégration difficile de Maya, jeune Mexicaine clandestine qui débarque à Los Angeles et trouve un travail de femme de ménage dans une entreprise de nettoyage. Ken Loach (LAND AND FREEDOM, MY NAME IS JOE) prend fait et cause pour le mouvement syndicaliste américain, mais à part quelques scènes très fortes (là où l'émotion n'est pas submergée par le discours politique), le film reste trop démonstratif et en deçà de ce à quoi nous avait habitués jusqu'ici le réalisateur anglais.



Antoine Rochat





Avec ce film en compétition à Cannes, Ken Loach reste fidèle à notre temps.

Los Angeles, arrivée d'un bus chargé de clandestins en provenance du Mexique: Maya vient rejoindre sa soeur Rosa installée déjà depuis plusieurs années dans la métropole californienne.

Après avoir faussé compagnie aux passeurs, les ""coyotes"" comme on les appelle là-bas, la voici bientôt dans le circuit des emplois mal payés. Engagée grâce à sa soeur par une société de nettoyage, elle fait la connaissance de Sam, syndicaliste malin comme un singe mais aussi passablement gaffeur. Celui-ci veut convaincre ces employés exploités par leur entreprise de se syndiquer afin de pouvoir réclamer le respect de leurs droits et de leur dignité, ce que Ken Loach appelle du pain et des roses. Belle formule. Maya et Sam ne tardent pas à se trouver des affinités qui ne sont pas que syndicales, mais le tempérament fougueux, généreux, rebelle et parfois irréfléchi de Maya la conduit à commettre un vol. Elle sera renvoyée au Mexique.

En venant tourner ce film à Los Angeles, le réalisateur anglais cherche à relever l'indifférence du cinéma hollywoodien face aux questions touchant le sort des innombrables travailleurs invisibles, immigrés légaux ou clandestins qui, pour des salaires de misère et sans protection sociale, assurent les travaux de base indispensables. Une scène du film met en présence le gratin du show-biz et les employés en grève. Il ressort clairement du film de Loach que l'injustice sociale n'est possible que grâce à la complicité, même si elle est involontaire, de ceux qui ne veulent pas voir, pas savoir.

La vraie invisibilité, Loach la montre ici, et d'une manière bien plus intelligente que ne le fait Verhoeven avec son HOLLOW MAN et ses effets spéciaux, actuellement sur les écrans. ""L'uniforme est notre meilleur camouflage; ils ne nous voient pas"", remarque Sam. C'est vrai et terrible.

Même si on a de la peine à croire que les employés de nettoyage d'un gratte-ciel de Los Angeles puissent seuls obtenir gain de cause, le film respire l'authenticité et la spontanéité, non seulement parce que Loach va directement au but et trouve instinctivement le ton juste, et les bons acteurs, mais aussi parce que ses figurants sont dans la vie employés dans des entreprises telles que celle que l'on voit dans le film. L'un des acteurs a même été ""coyote"" avant de faire du théâtre. Malgré le sérieux du sujet, le film n'est jamais pesant. Bien au contraire, il est ludique de bout en bout, joyeux, plein de bonne humeur, excepté deux ou trois scènes (la vérité sur Rosa accusée de traîtrise, le chantage du contre-maître Perez).



Maurice Gonce







Ken Loach



Depuis son premier long métrage en 1967, Ken Loach n'a cessé de traiter le monde du travail, les questions sociales. BREAD AND ROSES est son troisième film situé dans le monde hispanique et latino-américain, après LAND AND FREEDOM et CARLA'S SONG."

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