Cecil B. demented

Affiche Cecil B. demented
Réalisé par John Waters
Pays de production U.S.A.
Année 2000
Durée
Musique Basil Poledouris
Genre Comédie
Distributeur Bac Films
Acteurs Melanie Griffith, Stephen Dorff, Alicia Witt, Adrian Grenier, Larry Gilliard Jr.
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 394

Critique

"Un film burlesque à Cannes, par l'auteur de PECKER et d'autres opus plus sulfureux et souterrains. Un réalisateur déjanté, détournant le nom de C. B. DeMille en ""Cecil soit rendu dément"", enlève une star hollywoodienne venue présenter son nouveau film à Baltimore, dans le cadre d'un gala de charité. Elle va devoir tourner dans LE film underground absolu.

Truffé de clins d'oeil et de blagues pour initiés, le film de Waters ferraille tous azimuts, en une noce à Thomas où se côtoient ceux qui n'aiment pas les films en version originale sous-titrée, les retardataires aux séances, les fans de porno et de karaté, les critiques alambiqués, Andy Warhol, la majorité morale, etc.

Une pochade jubilatoire et sans prétention autre que de faire rire les cinéphiles.



Daniel Grivel





John Waters utilise le genre burlesque pour assassiner l'industrie hollywoodienne.

Drôle, volontairement de fort mauvais goût, le film est aussi bourré de clins d'oeils qui ressuscitent les grandes heures du cinéma américain.

Tout Baltimore est en émoi. La star Honey Whitlock (Melanie Griffith) est attendue pour la première de son dernier film. Il s'agit d'une romance aussi sucrée que son prénom, l'une de ces productions à la chaîne que dénonce un cinéaste terroriste, Cecil B. DeMented (Stephen Dorff). Celui-ci a d'ailleurs investi avec son équipe la prestigieuse salle de cinéma où se presse le gratin de la ville, on n'attend plus que la vedette. Le groupe interlope fonctionne avec une précision de chronomètre, il va enlever Honey Whitlock et la forcer à jouer dans ses films. Tournages bruts, au déboulé et armes au poing, destinés à renverser le milieu huilé de l'industrie hollywoodienne.

Le générique de CECIL B. DEMENTED se présente comme le manifeste de John Waters. Les titres les mieux vendus sont désignés comme l'ennemi du cinéma, face à des chefs-d'oeuvre comme LES ENFANTS DU PARADIS. Cecil B. DeMented et son groupe portent chacun tatoué sur le bras le nom de l'un des grands: Almodovar, Preminger, Kenneth Anger et bien d'autres. Mais ils filment à la manière des petits, comprenez par là, ceux qui n'ont pas de moyens. Le génie n'a pas forcément de rapport avec l'argent. Le public le sait, mais se laisse tout de même tromper régulièrement par les chiffres faramineux consacrés aux films et à leur publicité, chiffres que l'industrie avoue sans vergogne. Voilà ce que le réalisateur rappelle à travers le terrorisme burlesque de Cecil B. DeMented.

Il ne s'arrête pas là. Il faut tuer le cinéma commercial, certes, mais également ce qui fait que ce cinéma commercial existe. En fin de compte critique de la société américaine tout entière, John Waters ridiculise la police, le pouvoir, les associations caritatives et tous les bien-pensants qui vivent une vie clé en main, à l'abri de leur fortune. Il ne le dit ni à la façon bourgeoise de AMERICAN BEAUTY, ni celle vulgaire de BELLES DE JOUR. Mais dans un style des plus burlesque qui privilégie la violence et le mauvais goût. Ceux que ce parti pris ne convainc pas se consoleront avec Melanie Griffith, absolument parfaite dans son rôle de vedette capricieuse qui se convertit en comédienne anti-Hollywood.



Geneviève Praplan"

Ancien membre