Eureka

Affiche Eureka
Réalisé par Ayoama Shinji
Pays de production Japon
Année 2000
Durée
Musique Isao Yamada
Genre Drame
Distributeur Sagittaire Films
Acteurs Koji Yakusho, Aoi Miyazaki, Masaru Miyazaki, Yoichiro Saito, Ken Mitsuishi
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 394

Critique

"Certains - si du moins ils ont eu connaissance du lauréat du Prix oecuménique, tant il est vrai que cette distinction est souvent reléguée à la queue du palmarès cannois quand elle n'en est pas évacuée - auront été peut-être surpris que le choix se soit porté sur un film japonais sans références chrétiennes explicites. Toutefois, sans forcément céder à la tentation de la globalisation religieuse ou spirituelle, le Jury oecuménique, après avoir très sérieusement délibéré, a tôt fait d'être conquis par une oeuvre exigeante à plusieurs points de vue.

Par la longueur: 3 h 37, c'est hors norme. Par le support: du cinémascope en noir et blanc, c'est peu courant. Par la lenteur du rythme. Par le caractère parfois énigmatique de l'intrigue.

Mais, une fois que le spectateur est entré dans un environnement apparemment exotique, il découvre l'universalité de certaines entreprises et de certaines valeurs.

EUREKA est une sorte de road movie spirituel, un lent et long cheminement vers l'espoir. Deux écoliers (remarquablement campés par un frère et une soeur) ont été les témoins du détournement sanglant d'un bus dont ils sont, avec le chauffeur, les seuls passagers survivants. Traumatisés, leurs parents ayant disparu, ils s'enferment dans le mutisme et dans leur grande villa, subsistant grâce aux indemnités d'une assurance-vie. Le chauffeur refait surface, rejoint par un cousin des enfants, étudiant en vacances. A quatre, ils partent en voyage à bord d'un minibus d'occasion aménagé en ""mobilhome"" et entreprennent un long parcours jalonné de jeunes femmes mystérieusement assassinées. Au terme d'une odyssée conduite par l'adulte, accoucheur en douceur de secrets, le frère et la soeur pourront se libérer de leurs chaînes, retrouveront la parole et iront de l'avant, vers un avenir qui, à l'image de la pellicule, devient lumineux et multicolore.

Même si quelques clefs culturelles nous manquent pour ouvrir toutes les portes, EUREKA nous saisit par sa beauté formelle, par sa sensibilité, par les perspectives qu'il ouvre en direction de la guérison d'une mémoire meurtrie. Ce n'est sans doute pas par hasard que le Jury de la critique a lui aussi récompensé cette oeuvre majeure, qui apporte en outre un caractère novateur au langage cinématographique.

Reste à espérer qu'un distributeur éclectique osera croire en ce film et que des exploitants courageux n'hésiteront pas à le programmer."

Daniel Grivel