Critique
Un homme court, franchit une clôture, continue, haletant, sa course dans un champ labouré, trébuche, s'affale et reste là, longtemps, le visage dans la glaise. Que fuit-il? Il vient de découvrir, une enfant dénudée, violée, tuée.
Cet homme, au prénom étrange, Pharaon (Emmanuel Schotté), venu d'un aïeul peintre (Pharaon de Winter, a vraiment existé) est policier, habite avec sa mère une cité du Nord. Dans la même rue habite Domino (Séverine Caneele), tuant le temps sur le pas de sa porte lorsqu'elle n'est pas à son usine de conserve ou avec son ami Joseph.
L'HUMANITE est construit sur un personnage, sa compassion pour toute souffrance, une compassion qui le mine et l'empêche de vivre, une compassion sensible dans sa façon de se tenir, modeste, humble, visible dans son regard d'homme simple, et des yeux dans lesquels viennent s'échouer toute la misère du monde.
Mais c'est aussi le sexe et la mort, leur épouvantable mélange représenté par l'enfant violée. C'est encore un policier démystifié, réduit à l'impuissance.
Qualifié de cinéma marginal, le film peut plaire ou irriter; il ne peut laisser indifférent. Bruno Dumont revendique le droit de faire du cinéma autrement. Quoi qu'on dise du sujet de L'HUMANITE, de certains plans, il parvient à nous faire ressentir ce qu'il a voulu communiquer. Dommage qu'il n'ait pas su s'arrêter au bout d'une heure trente. Car au bout de soixante minutes on a tout compris de Pharaon, et on espère la conclusion qui se fait attendre encore nonante minutes...
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