Limbo

Affiche Limbo
Réalisé par John Sayles
Pays de production U.S.A.
Année 1998
Durée
Musique Mason Daring
Genre Drame
Acteurs Kris Kristofferson, David Strathairn, Casey Siemaszko, Mary Elizabeth Mastrantonio, Vanessa Martinez
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 373

Critique

Ce film, projeté en fin de parcours, ne semble pas avoir convaincu ses spectateurs. La critique est sévère. Nous le serons beaucoup moins. Il est vrai qu'on attendait de Sayles une oeuvre plus pointue (PASSION FISH, LONE STAR). Il semble ici avoir bénéficié de moyens plus importants, ce qui ne lui a sans doute pas rendu service dans la mesure où il a voulu en faire trop.

Et pourtant cette histoire d'amour, qui nous entraîne dans le fin fond de l'Alaska, ne manque ni de charme ni d'intérêt. Un ancien pêcheur reprend la mer pour donner un coup de main à son frère à la tête d'une entreprise touristique. Il y invite sa nouvelle amie et la fille adolescente de cette dernière en plein conflit avec sa mère. Mais les choses tournent mal et le trio finit sur un îlot perdu où il va jouer à Robinson Crusoe.

Les images sont belles dans cette nature sauvage. Les acteurs sont excellents. Mais le scénario a ses invraisemblances et Sayles aborde trop de thèmes qu'il laissera inaboutis. Le film s'achève abruptement, laissant au spectateur le soin de choisir entre le happy end ou le drame. Dans le film, la jeune fille a trouvé, dans la baraque abandonnée qui leur sert de refuge, un journal tenu par la fille d'un trappeur. Elle en fait la lecture au coin du feu. Mais elle en invente le texte au gré de son imagination. A nous d'en faire autant quand survient l'écran noir et le générique final. Pourquoi pas?



Maurice Terrail





Les hasards de l'existence font se rencontrer trois êtres meurtris. Donna (Mary Elizabeth Mastrantonio) est une chanteuse non dépourvue de talent, qui gagne sa vie en animant les bars et les mariages. Sa fille Noelle (Vanessa Martinez) peine à suivre les pérégrinations amoureuses de sa mère. Trop mûre pour son âge, elle traverse elle-même les moments délicats de l'adolescence, sans accorder d'indulgence à cette femme qu'elle juge instable, et qui lui vaut pas mal d'ennuis. Joe Castineau (David Strathairn) est un homme mystérieux. Il parle peu, mais observe beaucoup. Sa rencontre avec Donna le marque. C'est réciproque. Dès lors, les trois protagonistes voient leur vie se mêler avec plus ou moins de bonheur.

Derrière eux s'affirme plan après plan un quatrième personnage, c'est le plus oublié des états américains, l'Alaska. Et c'est lui, qui, en fin de compte, mérite l'intérêt du spectateur, tant son caractère est fort, et influe sur le quotidien de Donna, Noelle et Joe. Car si LIMBO est distribué par l'un des grands studios d'Hollywood, le réalisateur John Sayles conserve la mainmise sur son projet: montrer la dureté d'une Amérique des plus profondes, décrire la vie des gens qui y survivent tant bien que mal, et rappeler que la croissance économique tant chantée du Nouveau-Monde laisse des boiteux sur le bord de la route. C'est là le mérite du réalisateur de PASSION FISH (1992).

En revanche, on peut regretter le manque de netteté du scénario. L'histoire est compréhensible et se termine dans une incertitude de bon aloi; rien de tel pour stimuler l'imagination du spectateur. Mais elle s'entoure de bout en bout d'une sorte de flou, comme si LIMBO avait été conçu d'un jet et tourné aussitôt. C'est un peu de maturité dans sa conception qui semble lui faire défaut.



Geneviève Praplan

Ancien membre