Critique
L'hippopotame, c'est un petit fétiche qui se balance sous le rétroviseur de la voiture d'un cheminot en grève. Nadia, c'est une paumée qui erre avec son bébé au milieu des grévistes à la recherche du père de son enfant dont elle est sans nouvelles.
Dominique Cabrera s'est fait connaître comme réalisatrice de films documentaires. Bien qu'il s'agisse ici d'une fiction, elle ne peut se détacher de la réalité sociale qu'elle connaît bien. Le film est une sorte d'histoire d'amour dans le contexte troublé d'une grève de cheminots. Nadia, elle l'avait rencontrée dans un bistrot précisément en 1995 au moment des manifestations syndicales. L'idée du film était née. Autour de quelques comédiens, parmi lesquels Ariane Ascaride (la merveilleuse Jeannette du film de Robert Guediguian), la cinéaste s'est assurée la collaboration et la participation de cheminots.
L'histoire de cette femme perdue au milieu de ces hommes en colère, qui dure l'espace d'une soirée et d'une nuit, est aussi le portrait de travailleurs - comme le disait Marchais - réalisé avec des nuances qui évitent les stéréotypes. Toutefois, l'inévitable aspect politique du film est un peu envahissant et lourd. Il en reste des personnages attachants qui refusent de baisser les bras. Signe d'espoir.
Maurice Terrail