Critique
Voici trois petits films iraniens, presque des courts métrages, noués en gerbe, d'une très grande beauté plastique, notamment le premier et le troisième.
- Le premier, THE GREEK SHIP, de Nasser Taghvaï, nous montre des pêcheurs occupés à récupérer des cartons d'emballage à l'intérieur d'un cargo grec échoué depuis longtemps et rongé par la rouille. Ces cartons, marqués du nom des plus grandes sociétés commerciales occidentales et japonaises, effraient l'épouse de l'un des pêcheurs au point de la rendre malade. Son mari devra choisir entre sa femme et les cartons, au terme d'une séance particulière de désenvoûtement guère efficace, si ce n'était la parole pleine de bon sens du chef religieux de la communauté.
La symbolique est évidente. C'est le choix entre la culture occidentale et la culture traditionnelle (on est dans le pays qui fabrique les plus beaux tapis du monde) qui est posé, ou du moins une société de consommation qui ne propose que du vide et des valeurs plus solides.
Malgré son contexte iranien, le message est universel.
- Le second film, LA BAGUE, de Abolfazl Jalili, met en scène un étudiant se débrouillant comme il peut pour vivre. Visuellement moins saisissant que les deux autres films, il exige plus d'attention.
- Le troisième film, LA PORTE, de Mohsen Makhmalbaf est un pur chef-d'oeuvre. Un homme marche dans le désert, une porte sur le dos, suivi de sa fille et d'une chèvre, les seuls biens qu'il semble posséder.
La porte représente naturellement la principale et indispensable séparation entre intérieur et extérieur, entre vie privée et vie publique, le droit qu'a tout homme d'avoir une vie privée inviolable et sa dignité, même quand il n'a plus rien. Et cela ne peut être vendu, même lorsque l'être humain se trouve dans le besoin le plus extrême.
Tout ensemble, la pauvreté et la dignité humaine sont campées dans ce film avec une sobriété, une pertinence et une efficacité inégalables. Inoubliable, et à voir absolument.
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