Sud

Présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, SUD est le troisième film de Chantal Akerman à passer à cette section du Festival de Cannes avant d'être programmé dans les salles. L'origine de SUD remonte à l'attirance de Chantal Akerman pour la littérature du sud des Etats-Unis, dont Faulkner et Baldwin. Un mois avant le tournage, un événement dramatique a bouleversé ses objectifs initiaux. Comment ne pas témoigner du meurtre horrible d'un Afro-Américain par trois jeunes blancs. Crime raciste perpétré sous le prétexte de la domination blanche et réalisé dans l'effroi d'un homme attaché par une chaîne à une voiture et traîné sur 4,5 kilomètres. On se croirait à une autre époque, mais les événements datent d'il y a à peine un an.

Ce documentaire sans commentaires montre la langueur qui s'empare des habitants du Texas sous la chaleur de l'été. Cette atmosphère composée de silence et de lenteur est jalonnée par différents témoignages axés sur ce meurtre récent en comparaison des pratiques du même style, très répandues dans les années soixante. Ce nouveau drame a réveillé des mauvais souvenirs auprès d'une population qui avait enfin acquis le droit de vivre librement.

Les récits de la communauté noire sont marqués par un regard démuni de haine et projeté sur un avenir meilleur. Leur recueillement dans une église en mémoire de la victime prouve que le calme demeure présent dans leur esprit, loin de la révolte destructrice. Ils ne semblent plus craindre pour leur droit. Un journaliste décrit les faits de façon détaillée, alors que le shérif défend mal la cause de l'augmentation des problèmes économiques suscitant troubles et criminalité. Il ajoute malgré tout en conclusion qu'il n'oserait prétendre, face à la caméra, qu'il n'y a plus de racisme. Le long plan séquence final montre les 4,5 kilomètres de la route marquée par des traits où les morceaux du corps de la victime ont été trouvés. Cette séquence rend réellement compte de la folie meurtrière dans un lieu pourtant beau et calme.