Critique
On sait le cheval porteur de beaucoup de fantasmes. On sait aussi que la souris est devenue l'instrument favori des réalisateurs de dessins animés, même si aucun ordinateur ne remplacera - ou ne devrait remplacer - l'habileté manuelle qui fait la spécificité de l'animation cinématographique traditionnelle. En ce qui concerne le travail de la souris, on peut se risquer à dire que l'exercice, techniquement parlant, est plutôt réussi. Le cheval Spirit, en revanche, ne parvient guère à assumer le rôle fantasmatique qu'on attendait de lui, préférant brouter dans les plaines verdoyantes et se perdre dans une bluette sentimentale.
L'histoire de Spirit, cet étalon né dans l'ouest américain avant d'être pris au lasso par l'homme, est un dessin animé grand public qui donne la part belle aux images de canyons et de grands espaces. Mais voilà, le film dégouline de bonnes intentions et de bons sentiments, le tout enrobé de grandes idées et de niaiseries sur la liberté et la résistance nécessaire à l'oppresseur.
On dit que le cheval est la plus belle conquête de l'homme. On aurait souhaité que ce noble quadrupède pût s'affranchir de l'imagination réductrice des réalisateurs du film, et partir à la conquête du public. Ce qui reste hélas à faire.
Antoine Rochat
