Critique
L'équipe de production s'attaque ici à un problème de la plus haute importance, le trafic de drogue. Scénariste et réalisateur se sont livrés à une enquête pointue pour faire de ce film une sorte de document le plus près possible de la réalité. Pour donner plus de poids encore à la vérité, Soderbergh lui-même a tourné de nombreuses séquences caméra au poing.
Au travers de trois histoires qui se croisent, TRAFFIC dénonce la toute puissance de l'argent facile qui pourrit tout ce qu'il touche. A la frontière américano-mexicaine des bandes s'affrontent, que ce soient celles de trafiquants ou de policiers. Là au milieu, un brave - Michael Douglas - se heurte à la corruption d'une part et au drame de la jeunesse dorée victime de la drogue, d'autre part. Sa propre fille sombre sous ses yeux impuissants dans la dépendance et la déchéance. Il a été nommé le M. drogue des USA et pourrait avoir Sisyphe comme surnom. Il y a quelque chose de désespérant dans son combat et dans l'absurdité des conflits d'intérêt que le film met en lumière.
A vouloir trop démontrer, le scénario et le montage prêtent à de nombreuses confusions. Mettre en scène 110 personnages dans des situations qui se croisent oblige le spectateur à faire le parcours du combattant durant 150 minutes. Il faut sans cesse décrypter ce montage au rythme d'enfer. Mais les intentions sont excellentes et le propos de TRAFFIC n'est pas de dénoncer des méchants, mais de livrer une analyse sur ce qui rend possible ce lancinant et actuel problème de société.
Maurice Terrail