Pianiste (La)

Affiche Pianiste (La)
Réalisé par Michael Haneke
Pays de production France, Autriche, Allemagne
Année 2000
Durée
Musique Francis Haines
Genre Drame, Thriller
Distributeur MK2 Diffusion
Acteurs Isabelle Huppert, Benoît Magimel, Annie Girardot, Anna Sigalevitch, Susanne Lothar
N° cinéfeuilles 416
Bande annonce (Allociné)

Critique

Grand Prix du Jury. Prix d'interprétation féminine et masculine.

Avec Michael Haneke on sait toujours à quoi s'attendre. Adaptation d'un roman d'El­friede Jelinek, écrivain à succès, polémiste et misanthrope, LA PIANISTE n'échappe pas au constat amer et au pessimisme profond chers au cinéaste autrichien. Haneke nous parle ici de l'existence d'Erika Kohut, la quarantaine, professeur de piano au Conservatoire de Vienne. Pour échapper à l'emprise de sa mère avec laquelle elle vit en vase clos, Erika fréquente en secret les cinémas pornos et les sex-shows. Sa sexualité inassouvie se résume à un voyeurisme morbide, voire à l'automutilation. Erika est hors la vie. Mais un jour un de ses élèves, Walter, se met en tête de la séduire. Ce que le spectateur a de la peine à comprendre tant cette femme est pointue, revêche, désaxée même. Malgré sa bonne volonté et ses talents de séducteur, Walter ne parviendra pas à remettre Erika sur le chemin de la guérison. Au contraire: tout cela finira par un règlement de compte forcené. Portrait de la méchanceté humaine (bien servi par l'excellent jeu d'Isabelle Huppert et Benoît Magimel), LA PIANISTE est un film totalement sombre qui laisse une impression de profond malaise. Haneke est vraiment un moraliste désespéré.

A noter que ce film a reçu le Grand Prix du Jury, ce qui en a étonné plus d'un, et qu'il a raflé les deux prix d'interprétation féminine (même si Isabelle Huppert l'a bien mérité) et masculine. On peut parler d’un hold-up et d’une fausse note dans le palmarès. (Antoine Rochat)



Humeur

LA PIANISTE a été excessivement (l'adverbe est bien pesé) récompensé par le Jury international du Festival de Cannes. Il a été dit et écrit que son auteur, Michael Hanecke, avait présenté sans succès un film l'an dernier. C'est oublier que CODE INCONNU s'était vu décerner une mention spéciale du Jury oecuménique du festival - distinction que le réalisateur aurait refusée quelques années auparavant, soit dit en passant...

Force est de reconnaître que, trop souvent, les décisions de ce jury passent à l'as et sont joyeusement ignorées par les médias. Figurant en queue de liste du palmarès, elles sont «sucrées» pour cause - laissons les rédactions au bénéfice du doute... - de manque de place ou de temps. Pourtant, les choix oecuméniques sont en général audacieux et pénétrants. Mais, comme le dit un adage journalistique an­glo-saxon, un chien qui mord un évêque, ce n'est pas une nouvelle, tandis qu'un évêque qui mord un chien, ça, c'est de l'information! (Daniel Grivel)

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