Mortel Transfert

Affiche Mortel Transfert
Réalisé par Jean-Jacques Beineix
Pays de production France
Année 2000
Durée
Musique Reinhardt Wagner
Genre Comédie dramatique
Distributeur UFD
Acteurs Hélène de Fougerolles, Miki Manojlovic, Jean-Hugues Anglade, Valentina Sauca, Robert Hirsch
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 407
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Après huit ans d'absence et un détour par le documentaire, Jean-Jacques Beineix revient au cinéma de fiction, avec ses tics, ses outrances et l'esthétisme souvent accrocheur qu'on lui connaît.

Le héros du dernier film de Jean-Jacques Beineix est psychanalyste. Il s'appelle Michel Durand (un nom banal) et se sent attiré (peut-être est-ce banal?) par les charmes d'une de ses patientes, par ailleurs hystérique. Tout se gâte le jour où, profitant de l'assoupissement (est-ce encore banal?) de son thérapeute, ladite et séduisante dame a la fâcheuse idée de se faire étrangler sur le divan, ce qui n'est plus banal du tout.

Que s'est-il passé? Qui est l'auteur du meurtre de la richissime et perverse épouse d'un promoteur escroc? Michel Durand a-t-il connu, comme on dit, un épisode confusionnel? Un trou noir? Le spectateur est très vite embarqué dans un labyrinthe psychanalytique très obscur qui donne la part belle à l'évocation de fantasmes et de souvenirs d'enfance, dans le cadre d'une intrigue policière. On ne va pas donner la clé de l'énigme: il est temps d'abord d'agir, de se débarrasser du corps, et vite, avant que le mari, la police et la presse interviennent.

MORTEL TRANSFERT (tiré du roman éponyme de Jean-Pierre Gattegno) relate donc une série de transferts. Classiques, ceux de la patiente sur la personne de son psychiatre et du psychanalyste renvoyé à son enfance et à sa sexualité. Moins classique en revanche - et plus concret - le long transfert du cadavre que l'on doit faire disparaître...

Sexe, mensonges et psychanalyse... Dans cette course souvent délirante, le spectateur a autant de peine que le héros à distinguer ce qui appartient au rêve ou à la réalité. ""Tout cela ressemble au jeu de l'élastique, mais sans l'élastique"", dit un des personnages. Et c'est vrai.

MORTEL TRANSFERT se situe entre une réflexion superficielle sur la psychanalyse et une comédie policière. Un mélange que l'on peut aimer ou non, et qui explique bien des invraisemblances sur lesquelles il faut passer. On peut se laisser entraîner par l'histoire et par tous les personnages qui gravitent autour du psychanalyste (Zlibovic, le vieil analyste; Erostrate, le mystérieux homme au caddie; Chapireau, le commissaire de police; Hélène, l'artiste-peintre, etc.), mais tout ceci reste confus et bavard.

MORTEL TRANSFERT est un film policier, hésitant entre le suspense et le burlesque, la réflexion et la dérision: ""Rien n'est vraiment sérieux là-dedans, mais seulement grave, tellement grave que l'on ne devrait pas s'empêcher de rire"", dit le cinéaste. Le film se veut un divertissement un peu décalé, un mélange incongru de genres destiné à créer une atmosphère. Mais il n'y parvient pas."

Antoine Rochat