Du poil sous les roses

Affiche Du poil sous les roses
Réalisé par Agnès Obadia, Jean-Julien Chervier
Pays de production France
Année 2000
Durée
Musique Sébastien Subréchicot
Genre Comédie dramatique
Distributeur agorafilms
Acteurs Nicolas Duvauchelle, Julie Durand, Alexis Roucoult, Alice Houri, Jean-Baptiste Penigault
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 405
Bande annonce (Allociné)

Critique

Cet excellent film sera, pour les adolescents qui seront capables d'aller au-delà d'une lecture superficielle, plus qu'un très bon moment de cinéma.

Et, pour les parents qui se donneront la peine d'aller le voir avec leurs enfants-adolescents, un moyen de les rejoindre peut-être sur un sujet bien souvent tabou.

Le cinéma américain nous a abreuvés ces derniers mois de films pour adolescents tous plus mauvais les uns que les autres (American Pie, Road Trip, voir l'éditorial d'Antoine Rochat dans le dernier numéro de Ciné-Feuilles).

L'éveil de la sexualité chez les adolescents et l'intérêt prodigieux et normal que cela suscite chez eux y étaient traités de manière triviale, bouffonne, et finalement irrespectueuse pour les adolescents eux-mêmes. Seule exception, Virgin Suicide, le film de Sofia Coppola, est précisément marqué par ce respect des adolescentes confrontées aux premières amours et ne trouvant d'autre issue que le suicide, faute de recevoir de leurs parents la compréhension, l'aide et l'amour, qui auraient pu les aider à franchir cette période difficile de la vie, la puberté, ce passage à l'âge adulte qui s'accompagne d'expériences douloureuses parfois, mais nécessaires pour parvenir à la maturité sans laquelle rien ne peut se construire plus tard. On le voit, mon appréciation de ce film diverge grandement de celle de mon confrère Jacques Michel (CF 404).

Le film d'Agnès Obadia et Jean-Julien Chervier traite également de cet éveil de la sexualité chez les adolescentes et adolescents. Sans doute le titre suggestif pourrait nous laisser croire un instant que nous allons voir une comédie du même niveau que les comédies américaines citées plus haut. Or, que découvrons-nous? Une adolescente, Roudoudou, ni très jolie, ni laide, pleine de questions de son âge, et cherchant les réponses là où elle devrait normalement les trouver: chez ses parents, chez le médecin, chez sa copine. La manière naturellement désinvolte, spontanée, enjouée, et angoissée aussi parfois avec laquelle elle tente de résoudre cette grande énigme, confère à ce film une innocence, une vérité et une fraîcheur extraordinaires. Tout ce qu'une adolescente peut ressentir devant la transformation de son corps est là, à l'état de nature. Il s'agit de sexualité - cette part si importante qui nous détermine fille ou garçon - et non de sexe.

Les adolescents ne sont évidemment pas en reste, avec leurs fantasmes, leur ignorance de l'anatomie féminine, la découverte des sens seul ou à deux, le relativement long chemin qu'ils ont eux aussi à faire pour apprendre à quoi sert la sexualité, à en éviter les écueils et les pièges, à en découvrir le sens véritable, un sens différent de celui qu'une certaine manière d'en parler au cinéma, dans les cours d'école, dans les magazines pornos, ou même qu'un certain langage de bien des adultes lui donnent.

Ajoutez à cela une inventivité dans la mise en scène (agrémentée de scènes d'animation), la fraîcheur extraordinaire de Julie Durand, l'interprète de Roudoudou, la manière dont les dialogues expressifs collent au langage réel sans être pauvres, sans jamais donner le sentiment de la vulgarité, l'authenticité enfin comme référence constante, et vous avez un vrai film sur les jeunes et pour les jeunes comme il en existe fort peu.

Ancien membre

Appréciations

Nom Notes
Ancien membre 18
Antoine Rochat 12