Critique
"Production franco-suisse (mais de la Suisse on ne verra que quelques paysages et quelques policiers zurichois qui feront chou blanc), ROBERTO SUCCO raconte la cavale meurtrière, sans doute encore dans toutes les mémoires, de ce criminel qui avait défrayé la chronique en 1988.
A dix-neuf ans Roberto Succo avait assassiné ses parents et un policier; interné, il s'était échappé et était venu se cacher en France, puis avait laissé dans son sillage quantité d'agressions, de viols et de crimes. Arrêté par la police italienne, il s'était suicidé en prison. ""Je voulais éviter deux écueils, dit le réalisateur Cédric Kahn. Faire de Succo une victime de la société ou, à l'inverse, un monstre sanguinaire; ce qui était pour moi deux façons d'en faire un héros. Je voulais rester dans une vision objective des choses, m'en tenir aux faits et faire le constat de la folie. Mais la folie n'est pas objective. Dans un film on peut aimer la pire des crapules. Il fallait donc être très vigilant."" Très vigilant, le cinéaste l'a été. Presque trop: son film est une illustration documentariste précise des événements, mais à aucun moment le spectateur n'est véritablement concerné ou interpellé. La pièce de théâtre de Koltès avait peut-être le défaut de la subjectivité, au moins posait-elle des questions. Le film très soigné de Cédric Kahn reste en retrait."
Antoine Rochat
