And the Beat Goes on

Affiche And the Beat Goes on
Réalisé par Georges Gachot
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 7 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 414

Critique

"Second documentaire sur le même sujet, ce film du cinéaste français Georges Gachot, établi à Zurich et travaillant au Cambodge, nous immerge dans le tourbillon de l'activité humanitaire du Docteur Beat Richner.

Depuis des années, ce pédiatre exerce son métier dans ce pays qu'il a pris en affection. Les conditions sanitaires désastreuses qu'on laissées les Khmers rouges de sinistre mémoire entretiennent aujourd'hui encore une morbidité et mortalité infantiles démesurées qui touchent près de 80% atteints de tuberculose, d'hépatites B et C, et enfin, de sida.

C'est toujours la rage, la rage de soigner et d'assurer à chacun de ses jeunes malades des soins et les médicaments aussi efficaces que ce dont nous disposons en Europe, qui entretient chez le Dr Richner la flamme de son véritable apostolat. Non qu'il soit seul à faire face; des médecins, assistants, infirmiers et infirmières sont d'abord venus de l'étranger, pour progressivement transmettre leurs tâches à du personnel autochtone qui constitue aujourd'hui sa grande majorité. Devant la caméra, au cours de nombre d'entretiens et à sa suite dans ses visites à l'hôpital pédiatrique qu'il a construit avec un minimum de moyens, le Dr Richner, le médecin au violoncelle, démontre que l'utopie a été réalisée.

L'hôpital de Siemreap, tout près des temples d'Angkor, a élargi l'action engagée par la construction de l'hôpital de Kantha Bopha, quelque sept années auparavant. Et, comme l'écrit le cinéaste: ""Ces enfants (malades) sont comme une vague, un cauchemar qui revient avec la régularité inéluctable d'une marée"". C'est vrai que la longue file d'attente quotidienne des familles - des mères surtout - venues consulter avec leurs enfants, ne peut laisser personne indifférent. En huit ans, plus de deux millions d'enfants ont reçu les soins nécessaires dispensés - gratuitement tant la pauvreté est endémique au Cambodge - par les hôpitaux de Kantha Bopha et de Siemreap.

Le ""médecin au violoncelle"" s'est battu contre toute logique et en dépit des obstacles avec une efficacité incroyable. Et les obstacles n'ont pas été absents et ne sont pas près de manquer: des critiques, même de la part de très sérieux organismes caritatifs occidentaux, pour qui les hôpitaux du Dr Richner seraient inutiles, vu la faible pénétration présumée de la tuberculose au Cambodge, alors que la grande majorité des enfants malades en portent les atteintes, aggravées souvent par des médications traditionnelles intoxicantes, ou l'administration routinière d'antibiotiques totalement dépassés et inactifs. Sans détours, il accuse les offices occidentaux d'incompétence, et d'inertie, témoin sa ""Chanson des fonctionnaires"" (qu'il accompagne avec brio de son violoncelle endiablé). Mais la corruption est aussi un fléau à combattre sans transiger. Et le Dr Richner semble bien y être parvenu tant par l'engagement personnel dont il témoigne que par l'admiration que lui vouent ses collaborateurs.

Enfin, le cadre grandiose des monuments bouddhiques, et la fête toute fleurie de l'anniversaire du Roi Sihanouk, font au film de Georges Gachot un écrin chatoyant. Plus qu'un simple documentaire, ce film est un appel. Les hôpitaux de Kantha Bopha et de Siemreap s'agrandissent, accueillent toujours plus de patients pour lesquels n'existent pas de structures comparables au Cambodge. Pour garantir les soins adéquats aux milliers d'enfants et d'adultes qui viennent consulter ou y sont hospitalisés chaque année, il faut douze millions de francs. Douze millions par an pour faire tourner un hôpital, ce n'est pas beaucoup, comparé aux sommes consacrées en Europe au fonctionnement de nos systèmes de santé.

Et si, par exemple, l'ensemble des caisses maladies couvrant la Suisse s'entendait pour prélever deux touts petits francs par assuré et par année sur les réserves qu'elles constituent, est-ce que les douze millions du Dr Richner ne se trouveraient pas déjà réunis?"

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