Men of Honor

Affiche Men of Honor
Réalisé par George Tillman Jr.
Pays de production U.S.A.
Année 2000
Durée
Musique Mark Isham
Genre Drame
Distributeur UFD
Acteurs Charlize Theron, Cuba Gooding Jr., Bill Frisell, Aunjanue Ellis, Holt McCallany
N° cinéfeuilles 413
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Une ""machine"" américaine clinquante et parfaitement huilée, un divertissement de bon niveau, basé sur une histoire vraie. Mais attention à vos têtes: le plafond est bas!

Un jour, son père avait dit à Carl Brashear: ""Fils, ne renonce jamais à ton idéal, et surtout pas dans les moments - et ils seront nombreux - où tu auras l'impression que tout est perdu"". Ne donnez que cette réplique à un cinéaste américain: il tressaille d'allégresse et vous pond en quelques mois une petite merveille qui attire les foules.

Carl Brashear, héros du film, est un Noir. Les Américains ont donc fait un peu plus fort que d'habitude, les Noirs ne décrochant souvent que des rôles d'excellents co-équipiers ou de brillants second couteaux. En fait, il s'agit d'une histoire vraie qui a pour cadre, dans le giron de la prestigieuse US Navy, l'une de ses disciplines les plus sélectives, à haute teneur en suspense: les plongeurs de grande profondeur! Tout est en place pour que l'industrie cinématographique yankee concocte un spectacle mirifique.

Et cela ne manque pas. Robert de Niro sera le méchant supérieur-instructeur qui en fait voir de toutes les couleurs à ce jeune Noir effronté. Pensez! Dans cette Amérique encore très raciste des années cinquante, il s'est mis dans la tête non seulement de ne pas rester cuistot (meilleure promotion que pouvait alors espérer un Noir dans la marine), mais encore de devenir plongeur haut gradé!

Ce film a tout pour plaire: un scénario solide et séduisant qui génère un film où on ne s'ennuie pas une seconde. L'image est soignée. La mise en scène bien faite sert des comédiens parfaits. L'alternance entre sentiments et actions est bien dosée; le virage à 180 degrés de l'instructeur raciste qui, après s'être presque anéanti dans l'alcool, devient le principal artisan de la réussite de Carl Brashear, joliment négocié, ne manque pas de nuances.

Oui, tout cela est bien fait, en particulier la montée du respect et de la solidarité entre les deux hommes. Et c'est intéressant de sentir toute une mentalité américaine actuelle évoluer derrière la trame de ce film, comme tirée en avant par les efforts surhumains du scaphandrier. Le vieux démon du racisme en tremble sur ses bases. Et quelle victoire pour le vrai Carl Brashear, que sa lutte opiniâtre soit portée à l'écran, même si la réalité aura laissé bien quelques plumes au passage en 2D!

Mais - splendeur et misère de ce genre de cinéma américain - la tête cogne vite contre le plafond. Carl Brashear réussit parce que c'est un homme: les itinéraires des compagnes des héros ne pèsent pas lourd, ni dans le scénario, ni dans l'estime de leurs conjoints. Et surtout, Carl Brashear réussit parce qu'il a pu prouver qu'il était meilleur que les Blancs, un ""Super-Blanc"". Quand donc l'autre, quel qu'il soit et où qu'il soit, pourra-t-il être reconnu dans sa dignité en restant lui-même? Quand donc le monde - peuples, cultures, économies ou cinématographies - pourra-t-il exister aux yeux des Américains autrement qu'en devenant comme eux... ou ""meilleur"" qu'eux?"

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