Haut les coeurs

Affiche Haut les coeurs
Réalisé par Solveig Anspach
Pays de production Belgique, France
Année 1998
Durée
Musique Martin Wheeler, Olivier Manoury
Genre Comédie dramatique
Acteurs Karin Viard, Laurent Lucas, Julien Cottereau, Claire Wauthion, Philippe Duclos
Age légal 12 ans
Age suggéré 15 ans
N° cinéfeuilles 385

Critique

"Pour son premier long métrage, Solveig Anspach frappe très fort. Elle écrit un film de femme qui prend une valeur universelle puisque, selon ses termes, il raconte l'histoire d'une guerre, celle qu'elle a menée elle-même contre le cancer.

Emma est une jeune femme heureuse qui attend un enfant jusqu'au jour où, lors d'un contrôle, le médecin découvre une tumeur maligne que confirment mammographie et biopsie. Avec Simon, son compagnon, et une équipe médicale aussi humaine que compétente, elle passe du désespoir à l'espoir et se met à lutter de toutes ses forces.

Solveig Anspach raconte toutes les batailles de cette guerre longue et difficile avec le regard clinique de celle qui a passé par ce chemin de croix. Mais elle a su prendre ses distances en recréant des personnages de fiction, en évitant le ton du mélodrame, ne cherchant jamais à susciter la pitié. Elle parvient même à conserver le sens de l'humour qui semble à la fois le signe d'une grande force intérieure et un remède efficace.

La réalisatrice s'était fait connaître auparavant par de nombreux courts métrages documentaires. Ce ""métier"" est sensible dans la construction de son récit, dans l'exploitation qu'elle fait de petits détails précis et d'apparence futile qui donnent au film ce label d'authenticité. Cependant, coup de génie, elle a trouvé une actrice capable de recréer un personnage qui n'est jamais un simple miroir. Karin Viard est remarquable dans la peau de cette femme forte et tourmentée tout à la fois, cherchant sans cesse à s'accrocher à l'espoir, capable d'exprimer par son seul regard toute sa force intérieure.

HAUT LES COEURS, malgré son caractère autobiographique, n'est jamais égocentrique. Cette oeuvre fait une grande place aux autres, à ceux pour qui le cancer est un monstre qu'il faut fuir, à ceux qui sont de l'autre côté de la barrière. Mais surtout elle fait une place remarquable à ceux qui vont partager. Non par des mots banals et mensongers, mais par des gestes. Simon, par exemple, son compagnon, qui se découvre lui-même, qui se transforme, qui prend sur lui, et qui, souvent de façon gauche, va participer à la bataille et qui manifeste avec pudeur et retenue sa souffrance et ce sentiment d'impuissance.

La bataille d'Emma a valeur universelle. C'est qu'elle est enceinte et qu'elle lutte tout autant pour cette vie qui est en elle. Les interrogations qui sont les siennes et qu'elle fait nôtres sont celles du sens de la vie et du don de soi. Elle est prête à le faire pour que cette vie nouvelle parvienne à son épanouissement. Ce film est une belle leçon de courage.





Solveig Anspach



Née en 1967 en Islande, Solveig Anspach s'est établie à Paris où elle a fait ses études, en particulier à la FEMIS, cette école de cinéma qui a succédé à l'IDHEC. Elle fait partie de cette génération de femmes cinéastes courageuses et talentueuses, parmi lesquelles on compte Emilie Deleuze (PEAU NEUVE) ou Christine Carrière (QUI PLUME LA LUNE?), ses camarades de promotion. Elle se consacre d'abord au documentaire et signe de nombreux courts métrages que diffuse la télévision, parmi lesquels: PAR AMOUR (1988), SANDRINE A PARIS (1992), QUE PERSONNE NE BOUGE (1998). HAUT LES COEURS est son premier long métrage."

Maurice Terrail