Tout va bien (on s'en va)

Affiche Tout va bien (on s'en va)
Réalisé par Claude Mouriéras
Pays de production France
Année 2000
Durée
Genre Comédie dramatique
Acteurs Michel Piccoli, Sandrine Kiberlain, Miou-Miou, Natacha Régnier, Laurent Poitrenaux
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 401
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Présenté à Cannes dans la section Quinzaine des réalisateurs, TOUT VA BIEN (ON S'EN VA) parle de ces pères qui ont abandonné un jour femme et enfants pour de bonnes mais incomprises raisons.

Apparemment, Claude Mouriéras garde une idée très pessimiste de la famille. C'est pour lui comme une sorte de boulet à traîner, tout en sauvant les apparences. Il préfère la vérité à l'apparence.

Le titre est en deux parties: TOUT VA BIEN, c'est pour les apparences. En réalité tout ne va pas aussi bien que ça. Et puis ce ON S'EN VA, accroché à cette rassurante parole que chacun aimerait pouvoir dire chaque jour. Il est glissé là comme une vacherie, entre parenthèse, comme pour signifier qu'il y a des choses dont on préfère ne jamais parler mais qui minent le quotidien, rongent le fruit comme un ver, et rappellent qu'on est toujours rattrapé par ce que l'on veut ignorer.

Le quatrième long métrage de Mouriéras, dont trois ont été présentés à Cannes, est une de ces tranches de vie, celle de trois soeurs. Mouriéras hésite entre banalité et situation extraordinaire. La banalité, c'est pour les disputes entre trois caractères bien affirmés alternant avec une complicité obligée. De toute évidence, ces trois filles se serrent les coudes, ce qui n'exclut pas le poil à gratter... C'est sympathique et c'est déjà pas mal.

L'extraordinaire, c'est ce père, qui après avoir abandonné la famille voilà quinze ans, laisse un beau jour un message sur le répondeur de Claire, la plus jeune, la plus généreuse. La réapparition du père, sa ""résurrection"" comme le dit sa petite-fille, déclenche une réaction d'hostilité extrêmement violente chez les soeurs, et une inquiétude qui confine à la bassesse chez l'aînée et la seconde. Il est vrai que les intentions du père ne sont pas très claires. Son retour est ressenti comme une menace. Au mal causé voici quinze ans, quel mal vient-il ajouter? L'accueil glacial des filles le pousse à réagir à son tour par une sorte de cynisme. Un chat s'amusant avec les souris.

La vérité sur ce père est bien plus simple et plus tragique. Son irruption dans la famille, si l'on peut dire, mettra à jour, et c'est inévitable, certaines choses bien cachées.

D'une histoire banale, Mouriéras fait un film d'une subtilité et d'une richesse de tons remarquables, reflet fidèle sans être caricatural de la société contemporaine. La psychologie des personnages est extrêmement travaillée. L'interprétation des quatre rôles principaux est un vrai régal. Michel Piccoli est fascinant dans le rôle du père. Quant aux trois soeurs, Natacha Régnier (LA VIE RÊVEE DES ANGES) confirme un talent exceptionnel. Sandrine Kiberlain et Miou-Miou ne sont pas en reste.

De Lyon, ville dans laquelle se situe le film, on ne verra guère qu'un square et la gare, symbole par excellence des arrivées et des départs, refuge de celui qui ne fait que transiter.





Claude Mouriéras



Lyonnais de naissance, Claude Mouriéras a très tôt orienté sa carrière vers les milieux de la photo et de la télévision. Tout en filmant de nombreux documentaires de création, en coproduction avec Arte, il réalise un premier long métrage en 1989, MONTALVO ET L'ENFANT, qui fait partie de la sélection française au Festival de Cannes et obtient le Prix Georges Sadoul. Son deuxième film, en 1995, SALE GOSSE, obtient un franc succès public. DIS-MOI QUE JE RÊVE, également présenté à Cannes, reçoit le Prix Jean-Vigo 1998."

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