Tabou

Affiche Tabou
Réalisé par Nagisa Oshima
Pays de production Japon
Année 1999
Durée
Musique Ryuichi Sakamoto
Genre Drame
Acteurs Takeshi Kitano, Shinji Takeda, Tadanobu Asano, Koji Matoba, Ryuhei Matsuda
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 393
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Le cinéaste japonais, auteur de L'EMPIRE DES SENS, sonde l'âme des samouraïs. Or ceux-ci sont faillibles.

Le personnage du samouraï provoque sur l'imaginaire occidental une fascination certaine. Le samouraï rappelle nos moines-soldats, la magie orientale en plus. Il suit une règle, une discipline très stricte, manie le sabre comme personne. Cette rigueur, cette ascèse ont été à plusieurs reprises une source d'inspiration pour des cinéastes japonais bien sûr, mais aussi européens ou américains. On pense à Kurosawa, Melville, Jarmusch.

Oshima présente avec GOHATTO TABOO une image démystifiante du ""samouraï"". Sans doute les sabres sont-ils toujours aussi coupants que des rasoirs; c'est le symbole même de la puissance du samouraï. Très efficace pour décapiter celui qui a failli à la règle ou même abattre un arbre d'un seul coup. Mais les samouraïs ne sont pas des surhommes. Toute la troupe est troublée lorsqu'arrive Sozaburo Kano (Ryuhei Matsuda), nouvelle recrue au visage beau et fin, presque féminin. A partir de là, le film prend l'allure d'un thriller. Tandis que le commandant de la milice, Isami Kondo (Yoichi Sai) et le capitaine Toshizo Hijikata (l'acteur et cinéaste Takeshi Kitano: HANABI, L'ETE DE KIKUJIRO) se demandent si Hyoso Tashiro, une autre nouvelle recrue, est l'amant de Sozaburo, la jalousie gangrène la milice, des samouraïs sont retrouvés morts.

Finalement, le premier amant de Sozaburo, Tashiro, est soupçonné d'avoir tué ses rivaux. Sozaburo reçoit l'ordre de le châtier. Si l'homosexualité, inattendue peut-être dans ce milieu viril, est au centre de l'intrigue de ce film situé dans la deuxième moitié du XIXe siècle, celle-ci reste discrète à l'écran. On en parle beaucoup dans le dojo, on la voit peu. Par contre on ne perd rien des magnifiques séances d'entraînement des samouraïs, comparables à un rituel, une chorégraphie, un ballet, dans leurs costumes noirs.

Ce sont là les derniers sursauts d'une légende sur le point de s'effondrer. Les samouraïs vivent la fin d'une époque et vont disparaître. Tiré de Nouvelles de différents écrivains japonais et de Chroniques, le film d'Oshima aborde l'homosexualité potentielle de ces samouraïs à travers les regards du commandant, du capitaine et de quelques autres membres de la milice jusqu'à les amener à reconnaître en eux une inclination inavouée et inavouable envers le jeune Sozaburo. Tous ont succombé de manière secrète. Ce qui est tabou, ce n'est pas l'homosexualité en soi; celle-ci est redoutée à cause des conséquences qu'elle peut avoir sur la cohésion du groupe, mais elle est tolérée. Le tabou, c'est bien l'homosexualité latente en chacun, réveillée par la beauté de Sozaburo.





Nagisa Oshima



Nagisa Oshima est né le 31 mars 1932 à Kyoto. Son père meurt lorsqu'il a six ans. Au lycée, il exerce de nombreuses activités intellectuelles et politiques, sans toutefois appartenir à aucun groupe précis. Il suit des études de droit et de politique à l'Université de Kyoto. Il devient par la suite assistant de plusieurs cinéastes, écrit des scénarios, publie des critiques de films, avec un intérêt particulier pour les films français et polonais de l'époque. Son premier film, LE QUARTIER DE L'AMOUR ET DE L'ESPOIR, date de 1959. Parmi ses longs métrages, citons NUIT ET BROUILLARD (1960), LES PLAISIRS DE LA CHAIR (1965), LA CEREMONIE (1971), UNE PETITE SOEUR POUR L'ETE (1972), L'EMPIRE DES SENS (1976), MERRY CHRISTMAS, Mr LAWRENCE (1982), MAX MON AMOUR (1986)."

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