Pan Tadeusz - Quand Napoléon traversait le Niémen

Affiche Pan Tadeusz - Quand Napoléon traversait le Niémen
Réalisé par Andrzej Wajda
Pays de production Pologne
Année 1999
Durée
Musique Wojciech Kilar
Genre Comédie dramatique
Acteurs Andrzej Seweryn, Grazyna Szapolowska, Boguslaw Linda, Daniel Olbrychski, Marek Kondrat
N° cinéfeuilles 391
Bande annonce (Allociné)

Critique

Andrzej Wajda, qui vient de recevoir l'Oscar d'honneur pour l'ensemble de son oeuvre après avoir été honoré à Berlin, est un des plus grands cinéastes du XXe siècle.

Il a marqué le 7e Art polonais au travers des vicissitudes politiques de ce pays éternellement déchiré et a contribué à faire connaître au monde Lech Walesa et sa lutte pour l'indépendance, L'HOMME DE MARBRE (1976), L'HOMME DE FER (1981).

On retrouve dans son dernier film le Wajda lyrique, fortement imprégné par ses racines, et chantre de l'indépendance de son pays. Il s'est inspiré d'une épopée parue à Paris en 1834 du poète exilé Adam Mickiewicz.

Au début du XIXe siècle, la Pologne et la Lituanie sont sous la domination musclée de la Russie. (Les Moscovites, terme méprisant dans la bouche des partisans de l'indépendance.) L'arrivée annoncée des troupes de Napoléon qui, en marche sur Moscou, franchissent le Niémen en juin 1812, redonne espoir à ceux qui supportent mal l'occupation des troupes du tsar.

C'est dans ce contexte politico-militaire que le jeune Tadeusz rentre au pays et se trouve mêlé à un imbroglio familial. Romeo et Juliette n'appartiennent pas exclusivement à la littérature britannique. On retrouve ici le conflit ancestral qui oppose deux familles, les Horeszko et les Soplica. Mais contrairement au drame shakespearien, l'amour de Tadeusz et de Sophie conduira à la réconciliation, et le château, source des conflits, reviendra aux descendants des deux familles rivales. Le jeune homme peut partir rejoindre la Grande Armée et reviendra couvert de gloire pour épouser la belle Sophie.

Il faudrait pouvoir lire le conte pastoral de Mickiewicz pour juger de l'adaptation qu'en a faite le cinéaste polonais. On a le sentiment que Wajda a privilégié la peinture de la noblesse et de ses traditions au détriment de l'évocation de la beauté bucolique de cette terre où le sang n'a cessé de couler. Le scénario est quelquefois confus, le spectateur prend du temps à mettre en place ces nombreux personnages et à décrypter les liens de familles d'autant plus complexes que le père de Tadeusz, passé pour mort, réapparaît sous les traits d'un moine bernardin qui tire les ficelles de ce théâtre.

Il y a dans ce film de grands moments, un rythme soutenu et de superbes plans. Les comédiens, dont le jeu est un peu théâtral, semblent animés du souffle patriotique qui porte cette oeuvre. Est-il permis de reprocher à ce grand cinéaste d'être resté fidèle à un cinéma académique tourné vers le passé?





Andrzej Wajda



Andrzej Wajda est né en 1926; il entreprend en 1946 des études à l'Académie des Beaux-Arts de Cracovie et termine en 1956 l'Ecole de cinéma de Lodz. De 1978 à 1983, il est président de l'Association polonaise des cinéastes et, de 1982 à 1989, conseiller de Lech Walesa. Elu sénateur en 1989, il est également membre associé de l'Institut de France à l'Académie des Beaux-Arts depuis décembre 1997. Andrzej Wajda a reçu de nombreux prix dont ceux du Jury oecuménique. Parmi ses films, citons CENDRES ET DIAMANT (1958), LE BOIS DE BOULEAUX (1970), LES NOCES (1973), LA TERRE DE LA GRANDE PROMESSE (1974), SANS ANESTHESIE (1978), LE CHEF D'ORCHESTRE (1979), KORCZAK (1989).

Maurice Terrail