Enfer du dimanche (L')

Affiche Enfer du dimanche (L')
Réalisé par Oliver Stone
Pays de production U.S.A.
Année 1999
Durée
Musique Jamie Foxx
Genre Comédie dramatique
Distributeur Warner Bros. France
Acteurs James Woods, Dennis Quaid, Cameron Diaz, Al Pacino, Jamie Foxx
N° cinéfeuilles 390
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Dans un paysage sportif encombré de violence, de drogue et d'argent, Oliver Stone fait l'éloge de l'esprit d'équipe.

A travers l'enfer du football américain, c'est la société américaine qui est observée ici dans une sorte de western contemporain. Corruption, dictature des chaînes de télévision, culte de la jeunesse contre les vieux ringards, tout y est et davantage encore.

Le football américain se joue à la limite de la dignité humaine, tous les coups semblent y être permis. Oliver Stone qui aime toucher à différents sujets rêvait de s'y frotter un jour. ""Je voulais que ce soit un film moderne, explique-t-il, mais je souhaitais également rendre hommage à une certaine tradition du cinéma hollywoodien, avec une action dense, du mouvement, de l'ampleur, une figuration abondante et démonstrative."" Voilà qui est fait, et le réalisateur américain ne s'y est pas cassé les dents.

L'entraîneur Tony D'Amato (Al Pacino) a contribué à la gloire de son équipe, les Sharks. Mais la roue tourne et voici trois matches qui sont autant de défaites. Tony n'est plus tout jeune, il cultive des valeurs que d'aucuns jugent dépassées, l'esprit d'équipe par exemple. La présidente et copropriétaire de l'équipe (Cameron Diaz) est jeune, elle. Elle défend une compétition destinée à rapporter beaucoup d'argent. D'Amato doit se défendre aussi contre le joueur qu'il est allé chercher en remplacement de Jack (Dennis Quaid) capitaine de l'équipe et son principal soutien, victime d'un grave accident sur le stade. Willie Beamen (Jamie Foxx), le nouveau footballeur, est quasiment inconnu quand il arrive chez les Sharks. Mais son talent, son imagination laissent très vite entrevoir les bénéfices que pourraient en tirer les promoteurs. Willie agit seul et triomphe, devient une vedette que l'on voit en grand sur toutes les affiches, tant pis pour l'équipe. Tony D'Amato ne peut laisser passer ça.

L'ENFER DU DIMANCHE est très très long. Pour les non-passionnés de football américain, sport ritualisé et violent, le début est difficile, images terriblement rapides, hachées, bande-son surchargée de musique, l'enfer est à l'écran. Le film s'impose par la suite au moins parce qu'il éveille le sentiment de compétition. C'est forcément les Sharks qui doivent gagner, sinon, où est la morale? L'ennui, c'est qu'il n'y a plus de morale dans le sport de niveau international, sinon celle de l'argent. Oliver Stone ne se gêne pas de le démontrer. Pour mériter les sommes fabuleuses qui sont en jeu, tous les moyens sont bons. La vie même des joueurs ne semble pas peser très lourd, ni pour leurs médecins, ni pour eux-mêmes. Après tout, ils n'ont aucun autre faire-valoir. Une fois oubliés, eux qui sont noirs, quasiment illettrés, comment trouveront-ils du goût à la vie?

Le public de cet enfer hebdomadaire n'est pas très éloigné de cette façon de voir. Les matches sont rudes, les risques encourus importants. Et après? Sans le match du dimanche, comment se distraire, quel modèle trouver auquel s'identifier? A l'hypocrisie du stade, Oliver Stone répond non! Il boucle son film dans l'optimisme. Il n'empêche que le sport de haut niveau, quel qu'il soit, ne semble pas s'approcher de cet idéal, loin de là. Quant au public, quel qu'il soit lui aussi, il n'est pas près de vouloir admettre le pouvoir qu'il aurait pour que les choses changent, et pourtant, pas de (télé)spectateurs, pas d'argent!





Oliver Stone



Oliver Stone est né à New York en 1946 de mère française et de père américain. Après des études à l'Université de Yale, il parcourt le monde, puis s'engage dans l'armée et participe à la guerre du Vietnam. Démobilisé et décoré, il reprend ses études, écrit des romans et des scénarios, et, dès 1974, se consacre à la réalisation et à la production. Il est également acteur. Parmi ses films, citons PLATOON (1986), WALL STREET (1987), TALK RADIO (1988), NE UN 4 JUILLET (1990), THE DOORS (1991), JFK (1991), ENTRE CIEL ET TERRE (1994), TUEURS NES (1994), NIXON (1995), U-TURN (1997)."

Geneviève Praplan