Critique
"UNE VIE VOLEE est la chronique des années vécues par une jeune fille en institut psychiatrique. Le film aborde tous les thèmes qui touchent les adolescentes lorsqu'elles deviennent des femmes.
Susanna Kaysen est entrée volontairement dans un hôpital psychiatrique à l'âge de vingt ans.
Ce séjour dans ce milieu et dans l'univers de jeunes filles plus ou moins atteintes dans leur équilibre mental lui sera bénéfique. Elle le fait revivre dans son livre qui sert de point de départ à ce film autobiographique.
UNE VIE VOLEE est donc la chronique du temps passé par Susanna dans cette institution privée spécialisée. Nous sommes dans les années soixante, une période qui fut difficile pour la société américaine et particulièrement pour les adolescents qui cherchent leur émancipation et leur voie. Ce film, qui se veut optimiste puisqu'il décrit la reconstruction psychique de Susanna, pose de nombreuses questions importantes.
Où est la limite de la folie? Pascal ne disait-il pas dans ses Pensées: ""Tous les hommes sont fous et c'est être fou par un autre tour de folie que de ne pas être fou"". Cette question impertinente est d'autant plus lourde qu'il s'agit ici d'un milieu d'adolescentes qui cherchent leur équilibre psychique, émotionnel et spirituel.
La vie en communauté est aussi un lieu intéressant. Les conflits prennent rapidement de l'importance. Toutefois ils ont valeur thérapeutique ou pour le moins didactique. Ils sont des abcès qui se crèvent et forcent ceux qui sont en dehors à comprendre et à réagir. Cette aide mutuelle est décrite avec soin. Elle fonctionne d'autant mieux que la crise est aiguë.
La réalisation est un peu lisse malgré d'excellentes comédiennes (en particulier Winona Ryder qui tient le rôle de Susanna). Nous sommes loin de VOL AU-DESSUS D'UN NID DE COUCOU. Mais le propos ici se veut lénifiant puisqu'on parle de guérison. Laissons le dernier mot à l'authentique Susanna Kaysen: ""Les gens me demandent comment je me suis retrouvée là-bas. Mais ce qu'ils veulent savoir en fait, c'est si cela pourrait leur arriver, à eux. Je n'ai pas de réponse. Tout ce que je peux dire, c'est que cela arrive très vite, et très facilement..."" Mais heureusement pour ces gens inquiets, elle en est sortie.
James Mangold
James Mangold, âgé de 35 ans, est le fils de deux artistes peintres célèbres. Il est diplômé du California Institute of the Arts en interprétation et en mise en scène, ainsi que de la Columbia University. Il signe son premier long métrage en 1996 avec HEAVY qui remporte le Grand Prix du Jury de la mise en scène au Festival du film de Sundance, et sera sélectionné par la suite pour représenter les Etats-Unis à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes. Son second film, COP LAND, réalisé en 1997, rencontre également un certain succès."
Maurice Terrail
