Dancing at the Blue Iguana

Affiche Dancing at the Blue Iguana
Réalisé par Michael Radford
Titre original Dancing at the Blue Iguana
Pays de production U.S.A.
Année 2000
Durée
Musique Tal Bergman, Renato Neto
Genre Comédie dramatique
Distributeur pathefilms
Acteurs Elias Koteas, Jennifer Tilly, Daryl Hannah, Charlotte Ayanna, Sheila Kelley
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 441
Bande annonce (Allociné)

Critique

Une expérience originale de création - qui rappelle un peu la technique d'écriture de Georges Simenon - génère un film sensible et de bonne facture, mais terriblement racoleur et inabouti au final.

Se démarquant des scénarios actuels qui selon lui ressemblent davantage "à une sorte de police d'assurance contre l'échec qu'à une véritable entreprise de création", Michael Radford a relevé le défi. Auditionnant 150 actrices et acteurs, il en a choisi une dizaine sur leurs seules capacités d'improviser (pour les cinq femmes, leur beauté corporelle a fatalement aussi eu son rôle à jouer) et leur envie de participer pendant quatre mois à une expérience de création collective inédite.

Au lieu de partir de l'écriture d'un scénario, Radford a donc choisi de laisser parler les instincts créatifs de ses interprètes. Réunissant tout son monde dans un lieu de répétition, il a imposé deux semaines d'exercices de théâtre. Puis demandé à chaque acteur, s'inspirant de la réalité, de se forger le personnage qu'il rêvait d'interpréter. A ce stade seulement serait venue l'idée de raccrocher toutes les histoires particulières à un strip club de Los Angeles: le Blue Iguana.

Les interprètes ont ensuite été "collés" au travail d'écriture: cinq scénarios successifs, pondus chacun en trois heures par le groupe: pour stimuler les imaginations et souder l'équipe, puisque aucun des cinq ne ressemble au script final.

Les improvisations ont repris de manière intensive, Radford filmant tout avec une caméra digitale. Ce sont les 55 heures d'images - réorganisées et raccourcies par lui et son scénariste - qui ont servi de matériau de base pour le scénario original, remis au producteur après trois mois de travail. Ce n'est qu'après tout cela qu'a eu lieu le tournage final, en 35 mm, bouclé en 23 jours. "Prise simple, sans sécurité, sans deuxième axe: cela a été le plus épuisant et le plus excitant de tous les tournages de ma vie", confie le réalisateur.

Le résultat à l'écran n'est pas très excitant. Et heureusement ! Si le film utilise les strip-tease des filles comme un fréquent leitmotiv, la caméra, intimiste, parvient à décrire le corps féminin avec tendresse et pudeur, évitant toujours l'obscénité. S'en dégage d'autant mieux la densité humaine de chacune des cinq femmes dont les portraits s'enrichissent surtout dans les séquences extérieures au bar des exhibitions: dans l'exiguïté des loges, dans l'air plus respirable de la rue voisine ou la quiétude des lieux de vie privés. Chacune vit cette semaine-là, un événement important. Deux de ces portraits - celui de Jasmine qui écrit des poèmes et celui de Angel qui voudrait adopter un enfant - nous semblent particulièrement réussis.

Mais malheureusement le résultat d'ensemble n'est pas franchement exaltant sur le plan artistique. Oui, la mise en scène et les interprétations sont bonnes, l'histoire tient debout et le message - "derrière chaque personne se cachent une multitude de richesses" - est traité avec conviction et générosité. En revanche - et bien qu'il soit façonné dans une agréable esthétique visuelle - le bateau s'enlise, comme égaré dans plusieurs impasses individuelles. Sans doute parce que les grands oubliés du film sont les figurants: ces hommes accoudés au bar, salivant devant les danseuses et jetant leurs billets d'un dollar pour s'attirer leurs furtives caresses ne font que passer dans le décor. A cause de leur insignifiance, l'insistance sur les déshabillages devient racoleuse. Somme toute, le grand absent du film, c'est une bonne intrigue, un vrai scénario, qui auraient permis de mettre tout le monde d'accord!

Ancien membre

Appréciations

Nom Notes
Ancien membre 10
Daniel Grivel 9
Antoine Rochat 9
Anne-Béatrice Schwab 12