Critique
GHOST WORLD, c'est d'abord le titre d'une bande dessinée culte de Daniel Clowes, cosignataire du scénario de la transposition cinématographique. C'est le petit monde des Etats-Unis profonds, d'une bourgade californienne qui n'a rien à voir avec les excentricités de San Francisco ou Los Angeles. Deux copines, Enid et Becky, décrochent leur bac et préparent les mois d'été précédant la rentrée, tout en snobant leurs condisciples. Facétieuses, elles fixent un rendez-vous bidon à un vieux garçon collectionneur de disques 78 tours, qui pendant un temps jouera un certain rôle dans leur vie.
Les acteurs sont bons, le sens de l'observation du bédéaste est perspicace et ne manque pas de drôlerie, mais le récit est trop pointilliste: on a l'impression de voir se succéder des planches de BD dont les cases seraient filmées au banc-titre. A la longue, cela engendre un certain ennui et l'envie que ce dévidage apparemment sans fin trouve enfin son terme. Mais on appréciera le style personnel du cinéaste et l'heureuse distance prise par rapport aux récentes et graveleuses comédies pour adolescents.
Daniel Grivel