Critique
Marco Bellocchio s'est fait connaître dans les années 60 par un cinéma de contestation politique. Mais c'est une forme de folie qui reste son thème de prédilection, en même temps qu'il poursuit inlassablement une observation critique plus large de la société, au travers tout particulièrement des déchirements familiaux.
L'histoire étrange d'une fratrie dont la mère est candidate à la béatification renvoie sans doute aux obsessions contemporaines et religieuses du réalisateur. Si l'on peut sans difficulté s'attacher aux images - Bellocchio possède un talent de visionnaire - on reste en revanche très en dehors de sa réflexion. Dans ce monde d'événements bizarres et de fantasmes vécus par Ernesto, un dessinateur agnostique (excellent Sergio Castellito), le spectateur a bien de la peine à se sentir concerné. L'idée que faire partie de la famille d'une sainte peut apporter de la notoriété et de l'argent ne génère pas un intérêt susceptible de porter le film. Et le portrait d'une mère, dont on parle beaucoup mais que l'on ne voit guère, excellente sur le plan moral (paraît-il) mais dépourvue d'affectivité et d'amour, reste très flou. Un film sans ouverture et sans émotion, qui semble avoir déjà suscité quelques réactions du côté du clergé catholique italien.
Antoine Rochat