Critique
Dans la douceur méditerranéenne, Marie-Jo ne mène-t-elle pas une vie tranquille entre son mari et sa fille? Elle travaille dans le milieu hospitalier, il a une entreprise de maçonnerie prospère, elle prépare son bac. Le couteau avec lequel elle ose le geste de se taillader le poignet montre pourtant qu'il y a une faille. Il y a en effet deux intrus dans son existence: son portable, nécessaire à son travail mais aussi instrument de tous les secrets, et son amant, un pilote du port de Marseille. Elle parvient à parfaitement gérer sa double vie jusqu'au jour où son mari découvre sa liaison. De plein de tendresse qu'il était, le climat s'alourdit, sans pourtant devenir insupportable.
C'est tout le talent de Robert Guédiguian d'avoir réussi à rendre non seulement crédible mais encore séduisant un mélodrame aussi conventionnel. Par petites touches, au travers de peu de mots mais qui en disent beaucoup, avec une grande tendresse pour ses personnages et aucun jugement à l'égard de leur comportement, avec sensibilité, il nous conte une tranche de vie qui ne peut que nous interpeller. Malheureusement il n'a pas su apporter une conclusion plausible à son film qui se noie dans un final style GRAND BLEU du pire effet. Ne serait-ce pas le moment pour Guédiguian de changer de sujet, mais non pas d'acteurs qui constituent toujours la même excellente équipe?
Georges Blanc