Kedma

Affiche Kedma
Réalisé par Amos Gitaï
Pays de production Israël, France, Italie
Année 2001
Durée
Musique David Darling, Manfred Eicher
Genre Drame
Acteurs Yussef Abu Warda, Andrei Kashkar, Menachem Lang, Nikol Varom, Helena Yaralova
N° cinéfeuilles 438
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Début mai 1948, deux semaines avant la création de l'Etat d'Israël, les Britanniques mettent fin à leur mandat et vont quitter la région. Mais depuis six mois déjà les combats font rage entre Juifs et Arabes. Sur un vieux cargo rouillé, le Kedma, sont entassés des centaines de survivants de la Shoah, venus des quatre coins de l'Europe. Ils s'apprêtent à débarquer sur une plage où ils seront accueillis par les soldats du Palmach, l'armée clandestine juive. Mais Britanniques et Arabes sont encore là...

Avec KIPPOUR, tourné en 2000, Amos Gitai proposait un point de vue critique sur la guerre de 1973. Avec KEDMA, qui se déroule en 1948, il raconte l'arrivée en Palestine des rescapés de la Shoah: une manière pour lui de questionner le passé, et de rappeler surtout que le conflit qui déchire aujourd'hui Palestiniens et Israéliens prend sa source dans les événements de cette époque.

Amos Gitai s'est inspiré de récits qu'il a entendu raconter lorsqu'il était enfant (il avait alors 5 ou 6 ans): ""J'ai essayé d'imaginer le parcours de celles et ceux qui sont partis d'Europe, ont pris le bateau et ont fini blessés ou tués dans la bataille pour Jérusalem. J'ai voulu réaliser un film sur les 'déplacés""' de 1948, ces survivants de l'Europe déplacés en Israël et ces Palestiniens déplacés par les Israéliens"".

A travers KEDMA c'est bien sûr de la situation actuelle de son pays qu'Amos Gitai nous parle. De la cohabitation difficile des Juifs et des Arabes, du dialogue impossible à établir et de la violence du conflit. Mais le cinéaste israélien le fait en s'opposant aux images binaires, simplistes et souvent partielles ou partiales proposées par les médias. ""Avec KEDMA, ajoute-t-il, j'ai envie que les gens entendent le discours des deux côtés, sans manichéisme.""

KEDMA est un film fort, tendu, qui donne sa place - et la parole - aux deux partis en présence, tout particulièrement dans deux terribles monologues où s'exprime, à travers la colère prophétique d'un paysan palestinien, puis la rage désespérée d'un survivant de la Shoah devant l'histoire juive, toute la tragédie des deux peuples. Et la critique d'Amos Gitai est dirigée aussi bien vers les uns que vers les autres.

""Avec un pays comme Israël, ajoute-t-il, le cinéma est une façon de témoigner."" Gageons que, de ce côté-là, le cinéaste ne se sera pas fait que des amis..."

Antoine Rochat