Critique
"Quatre marginaux passablement barjots s'entendent sur le dos d'un cinquième pour réaliser le coup dont rêve chaque malfrat; ce serait pour eux la fin des petits vols foireux. Il y a un artiste raté avec un bébé sur les bras, un boxeur très amateur, un petit vieux abonné aux bévues, un Noir pour donner un peu de couleur et même George Clooney dans le rôle d'un perceur de coffres-forts paraplégique. De quiproquos en fâcheux imprévus, de hasards malencontreux en situations cocasses, l'affaire progresse, mais pas dans le sens espéré.
Voilà une comédie hilarante et rondement menée par deux nouveaux venus dans la réalisation à qui des producteurs bien cotés ont eu la bonne idée de faire confiance. Nul doute que les aventures désopilantes de nos branquignols de Cleveland sauront dérider les plus grincheux des spectateurs.
Georges Blanc
On redoute toujours un peu les resucées à l'américaine de films du vieux continent. Les frères Russo, comme leur nom l'indique, auraient-ils de lointaines racines italiennes? Toujours est-il que leur version du PIGEON (Mario Monicelli, 1958) ne sent pas trop le réchauffé.
Servie par une brochette de comédiens savoureux (Sam Rockwell, Luis Guzman, Isaiah Washington, Michael Jeter), leur évocation d'une bande de cambrioleurs à la petite semaine suscite de la tendresse à l'égard de ces bracaillons qui voient foirer tout ce qu'ils entreprennent. Ils sont l'incarnation tragi-comique de la fameuse loi de Murphy, selon laquelle si quelque chose doit mal aller, elle ira mal, et selon laquelle la tartine qui échappe à votre main tombera immanquablement sur le côté beurré...
Il faut dire que Collinwood, quartier jadis promis par des promoteurs à un avenir radieux, n'est pas le milieu le plus propice à la réussite; chacun essaie de survivre grâce à de petites combines qui vont du vol à la sauvette à la corruption d'un flic véreux mais vénal. L'objectif du cambriolage est à la mesure des ambitions de l'équipe de minables: le coffre-fort d'un mont-de-piété. Le vertigineux échafaudage d'astuces et de stratagèmes aurait mérité d'être récompensé, mais quand on est abonné à ""c'est la faute à pas de chance""...
Daniel Grivel"
Ancien membre