Réalisé par | Djamshed Usmonov |
Pays de production | Italie, Suisse, France, Tadjikistan |
Année | 2002 |
Durée | |
Genre | Drame |
Distributeur | frenetic |
Acteurs | Uktamoi Miyasarova, Maruf Pulodzoda, Kova Tilavpur, Mardonqul Qulbobo, Malohat Maqsumova |
Age légal | 10 ans |
Age suggéré | 14 ans |
N° cinéfeuilles | 438 |
Un retour au pays natal qui n'est pas des plus tranquille: un film tadjik étonnant, un ton juste et un intérêt qui ne faiblit jamais.
Selon une vieille légende islamique chaque homme porte, sur ses épaules, deux anges invisibles. Celui de l'épaule droite note les bonnes actions, celui de gauche les mauvaises. La balance de la justice interviendra le jour du Jugement dernier, envoyant chacun au paradis ou en enfer. Djamshed Usmonov raconte que cette histoire a profondément marqué son enfance. Il se propose d'ailleurs de tourner prochainement la deuxième partie de ce diptyque.
Hamro est un malfrat qui, après dix années de prison à Moscou, décide de rentrer à Asht, son village natal, dans un coin perdu tout au nord du Tadjikistan. En arrivant, il trouve sa mère (Halima) mourante et pense ainsi hériter rapidement de la demeure familiale, ce qui l'arrangerait bien d'ailleurs parce qu'il doit de l'argent à tout le monde. Mais cela ne sera pas le cas: sa mère lui a tendu un piège, pour le revoir et lui faire remettre la maison à neuf... Coincé dans son village, Hamro va devoir composer avec son entourage (on lui colle un garçon de 10 ans, un fils à lui, à ce qui paraît), il devra aussi reprendre son ancien métier de projectionniste, faisant par ailleurs un certain nombre d'expériences existentielles fort utiles. Comme celle de la nécessité de négocier avant d'utiliser force et violence.
Raconté sous cette forme, le récit n'a rien de séduisant. Or L'Ange de l'épaule droite est une subtile réflexion sur le bien et le mal, sur les valeurs qui mettent en opposition mère et fils (l'amour désintéressé de l'une, la méchanceté foncière de l'autre), sur les problèmes de la société tadjike confrontée aux bouleversements sociaux et politiques du moment, avec une guerre civile qui dure depuis bientôt sept ans. Halima est la dépositaire des lois et des valeurs ancestrales, Hamro celui d'un monde nouveau et impitoyable. La première est porteuse de la sagesse des temps passés, des croyances et des légendes. Femme simple, elle a le sens du sacrifice. Le second est une victime sans doute des conflits qui ont ravagé son pays. Pour lui rien n'est sacré, il sacrifierait n'importe qui pour satisfaire ses propres désirs.
Tourné en plein hiver, dans un paysage rude, L'Ange de l'épaule droite s'accompagne d'images froides - mais très belles - et d'un décor dépouillé. Les acteurs sont tous des non-professionnels (la mère du cinéaste interprète le rôle de Halima, son frère celui de Hamro) et leur jeu est tout empreint de sensibilité. Djamshed Usmonov est l'auteur à part entière (scénario, dialogues et réalisation) de ce long métrage étonnant, qui a un accent de sincérité et de réalisme (nostalgique) très particulier. L'Ange de l'épaule droite est un film surprenant qui, à partir d'un conte, entraîne le spectateur du côté de l'indicible.
Le réalisateur
Cinéaste et comédien tadjik, Djamshed Usmonov a été découvert à Cannes, en 2001, dans LA ROUTE (film d'un cinéaste kazakh, Darezhan Omirbaev) où il tenait le rôle d'un réalisateur rentrant auprès de sa mère, dans son village natal... "Le cinéma tadjik a cessé d'exister au début de la guerre civile, dit-il. Du temps de l'URSS, il se tournait environ quinze longs métrages par an, alors que maintenant il s'en fait un ou deux tous les cinq ans. C'est difficile de parler de ma place dans le cinéma tadjik... On survit."
Antoine Rochat
Nom | Notes |
---|---|
Antoine Rochat | 16 |
Georges Blanc | 15 |
Ancien membre | 17 |
Geneviève Praplan | 18 |