Réalisé par | Ali Abbasi |
Pays de production | États-Unis, Canada, Danemark, Irlande |
Année | 2024 |
Durée | |
Musique | Martin Dirkov |
Genre | Biopic |
Distributeur | DCM |
Acteurs | Sebastian Stan, Jeremy Strong, Maria Bakalova |
Age légal | 16 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 930 |
The Apprentice (d’après le nom de l’émission de téléréalité qui rendit Donald Trump extrêmement célèbre) est un film biographique au sujet de l’ancien président des États-Unis. De très bonne facture, il ne nous apprend cependant pas grand-chose sur le personnage. En revanche, il est intéressant de découvrir les leçons de cynisme, de brutalité et d’arrogance prodiguées toute sa vie au jeune Donald, qu’il finira par appliquer, dans tous les domaines, à la puissance mille.
«Comment peut-on me traiter de raciste? Mon chauffeur personnel est noir.» Cette phrase, citée dans l’introduction du film, est de Fred Trump, le père de «l’apprenti». Elle jette un éclairage sur l’environnement familial et l’éducation reçue par le futur magnat de l’immobilier. Donald Trump grandit à l’abri du besoin entre un père odieux, méprisant et richissime qui ne respecte que l’argent et peu importe combien de gens on a dû piétiner pour le gagner, une mère soumise et un frère qui, plus tard, paiera de sa vie le fait d’être le seul de la tribu à avoir un peu d’humanité et de moralité. Le futur président des États-Unis est justement décrit dès le début du récit comme un velléitaire incapable, qui a tout reçu dans la vie, n’a aucun projet mais sait cirer les bottes aux bonnes personnes qui pourront l’aider à devenir quelqu’un. Notamment, bien sûr, l’avocat Roy Cohn à qui le film consacre la plus grande place.
Ce dernier est un personnage détestable. Avocat en vue et très influent, trouble, raciste, misogyne, homosexuel homophobe, en relation lucrative avec la mafia, avec une conception toute personnelle de la vérité. Il se vantera d’avoir «envoyé les Rosenberg à la chaise électrique» lors de la «chasse aux sorcières» orchestrée par le sénateur McCarthy au cours des années 1950 et, comme il fut établi plus tard, «tête pensante» (si l’on peut dire) de ce dernier dans cette ignoble mascarade. Un délateur et maître-chanteur, auquel Nixon n’avait rien à envier dans le domaine des écoutes illégales et des moyens de pression. C’est cet homme qui prendra sous son aile le jeune Donald, qui enchaîne les petites magouilles immobilières, et le façonnera, lui apprendra à prendre avec la force ce qu’il ne peut acheter (y compris avec sa première épouse Ivana). L’avocat lui apprendra également ses trois règles d’or: ne jamais abandonner, toujours contre-attaquer et crier victoire même en cas de défaite. Car «a killer is a winner» et inversement. Ce personnage sera la victime de sa propre philosophie, tant son poulain a fait preuve d’ingratitude à son égard, jusqu’à la trahison.
Le comédien Sebastian Stan réussit parfaitement le travail de personnification dans les mimiques et les gestes de son modèle trumpien. Même s’il aurait pu être plus corrosif, le film a le mérite de montrer que la grande intelligence de Trump, poussé par l’ivresse du pouvoir, a toujours été de cultiver les apparences et que, contrairement à sa légende autoproclamée, il ne s’est vraiment pas fait tout seul. Sur ce point aussi, Trump est un escroc. Mais bon, si le travail de Michael Moore n’a pas suffi à ouvrir suffisamment les yeux des électeurs sur la tromperie George W. Bush fils, il est peu probable que The Apprentice y parvienne. Mais après tout ce n’est pas son but premier.
Philippe Thonney
Nom | Notes |
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Philippe Thonney | 14 |
Tobias Sarrasin | 7 |