Elyas

Affiche Elyas
Réalisé par Florent Emilio Siri
Pays de production France
Année 2024
Durée
Musique Alexandre Desplat, Jean-Pascal Beintus
Genre Action
Distributeur StudioCanal
Acteurs Roschdy Zem, Dimitri Storoge, Sherwan Haji, Laëtitia Eïdo, Jeanne Michel
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 926

Critique

Un ancien militaire traumatisé se transforme en super héros invincible pour protéger une adolescente qui veut échapper à un mariage arrangé. Elyas est un film rudimentaire qui roule les mécaniques à vide.

Que faire quand, dès le générique, vous comprenez que le film qui démarre est raté ? Prendre son mal en patience. Elyas de Florent Emilio Siri – Une minute de silence et Cloclo, voire la série Marseille pour Netflix – aligne les poncifs, les maladresses pour aboutir, et c’est encore pire, à l’ennui, au vide. Musique rutilante, ralentis, drones à l’envi, fusillades sans fin enfoncent encore davantage l’entreprise dont on voit mal la raison d’être. Ah oui, faire des entrées avec un film d’action, éculé au fonds de commerce idéologique douteux : on se fait justice soi-même en éliminant tout ce qui nous contrarie. On est à mille lieues des vertiges existentiels du Comte de Montecristo – actuellement sur les écrans – chancelant entre le désir de vengeance et l’impératif moral de justice.

Elyas, ex-soldat français, traumatisé par la guerre, par la perte coupable d’un faux vrai frère au combat, végète dans un foyer, proie à ses fantômes. Un ami providentiel lui propose de devenir le garde du corps d’une riche émiratie qui s’est échappée de l’emprise du mari pour sauver sa fille d’un mariage arrangé. Bien entendu, le mari/père éconduit ne l’entend pas de cette oreille. Il lance à l’assaut des fugitifs une horde de fantassins armés jusqu’aux dents, la bave aux lèvres afin de récupérer la fille en cavale. Pris de sympathie pour l’adolescente – insupportable de premier abord, mais charmante comme tout par la suite – Elyas donne le meilleur (ou le pire, c’est selon) de lui-même pour la protéger de méchants lascars à ses trousses. Jusqu’à l’éradication définitive des mauvaises herbes.

Embarqué on ne sait comment dans cette galère, Roschdy Zem campe un Elyas taciturne, paranoïaque, bourré de tocs et de médicaments. Dans la droite ligne des sociopathes au cœur d’or qui ont des comptes à régler avec la terre entière. Rien à voir avec les personnages complexes, fissurés jusqu’à la moelle, se débattant avec la sauvagerie entêtée de l’existence, dont le comédien a incarné les tourments par le passé (souvenons-nous de Roubaix, une lumière, Omar m’a tuer, Chocolat, etc.).

Tant pis ! Elyas sombrera dans l’oubli tant il manque de tout, y compris et surtout d’une once d’humour, de cette distance salvatrice dont les plus grands ont le secret (Tarantino, Lynch, et les maîtres coréens du genre). Sans parler de la célèbre réplique de Samuel Fuller dans Pierrot le fou : « Un film est comme une bataille ; il y a de l’amour, de la haine, de l’action, de la violence et de la mort ; en un mot de l’émotion ». À cette aune, Elyas n’est pas un film.

Marco Danesi

Appréciations

Nom Notes
Marco Danesi 5