Les Fantômes

Affiche Les Fantômes
Réalisé par Jonathan Millet
Pays de production France, Allemagne, Belgique
Année 2024
Durée
Musique Yuksek
Genre Drame, Thriller
Distributeur Cineworx
Acteurs Tawfeek Barhom, Adam Bessa, Florence Rochat
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 925

Critique

Drame et thriller s’entremêlent dans ce film ambitieux qui tente de naviguer dans les eaux tumultueuses de la justice et de la vengeance. Malgré une réalisation parfois maladroite et une exposition trop longue, Les Fantômes pose des questions pertinentes sur la quête d’humanité au-delà des atrocités.

2014, Saidnaya, Syrie. Hamid est relâché de prison après y avoir subi les pires sévices et tortures de la part des agents du régime. Deux ans plus tard, il trouve refuge à Strasbourg, où il recherche un certain Hanni.

Cette histoire s’inspire librement de divers cas de tortionnaires syriens réfugiés en Europe et traqués par des opposants eux-mêmes réfugiés. On se rappelle l’ex-colonel Anwar Raslan, condamné à la perpétuité par un tribunal allemand en 2022, grâce au principe de «juridiction universelle». En adoptant le point de vue d’une victime traumatisée et obsédée par la chasse de son bourreau, Les Fantômes combine les codes du thriller d’espionnage et ceux du drame social pour illustrer les stigmates de la violence extrême. Un concept intéressant en théorie.

Malheureusement, cette approche prometteuse est plombée par de nombreuses maladresses et lourdeurs. Jonathan Millet, réalisateur issu du documentaire, peine tellement à insuffler de la sincérité dans ses images qu’il se sent obligé de préciser dès le début que son film est labellisé «inspiré de faits réels». Dès le prologue, un plan très théâtral montre des prisonniers déambulant tels des zombies dans le désert. Ces notes d’intention surlignées se perpétuent dans le long métrage, avec un personnage principal réunissant tous les clichés de l’opposant idéaliste (jeune professeur de poésie, femme et fille tuées par le régime…) et une bande originale d’atmosphère écrasante afin de rendre compte du stress et de la confusion d’Hamid.

Pendant les deux tiers du film, il est ainsi difficile de s’intéresser à ces personnages unidimensionnels et cette chasse aux criminels de guerre planqués, caractérisés également par un manichéisme simpliste. Cela d’autant plus que la traque en question frôle le ridicule dans sa mise en scène qui oublie tout souci de plausibilité et ne se préoccupe pas de ses multiples répétitions. On retiendra toutefois ces scènes étranges et troublantes sur des chats de jeux vidéo où les traqueurs partagent leurs informations tout en jouant à la guerre.

Heureusement, le dernier acte sauve quelque peu le film en amenant enfin un peu de nuance et de complexité. Soudain, on se met à réfléchir sur les notions de justice et de vengeance alors que la caméra scrute les humains qui se cachent derrière les bourreaux. Et comme par miracle, Les Fantômes offre un final très élégant donnant tout son sens à son titre.


Blaise Petitpierre

Appréciations

Nom Notes
Blaise Petitpierre 12
Marvin Ancian 15